L'Amour ouf
6.7
L'Amour ouf

Film de Gilles Lellouche (2024)

Être prêt à perdre la vie avec son gang pour le regard d'une fille, danser jusqu'à s'époumoner, agripper une inconnue qui ressemble à la fille aimée (et dont la pâle copie n'en est que plus dure pour le cœur), avoir envie de tout envoyer bouler dès que l'on revoit son premier amour, son coup de foudre ultime, celui qui ne s'oublie pas malgré les années et les épreuves de la vie... Gilles Lellouche, on en est maintenant sûr, est un romantique invétéré, et il nous émeut profondément dans ce drame qui parle d'amour, toujours, d'amour. On s'étonne qu'il laisse quasiment la moitié de son film à un duo de jeunes totalement inconnus au bataillon, mais nous inquiétez pas, il a su dégotter de sacrés talents, et ne craint absolument pas de leur faire bouffer le temps des "vedettes" plus établies, et il a bien raison (ce filou) : les gamins sont incroyables. On ressort de la salle en pianotant sur Internet pour découvrir qui sont Mallory Wanecque et Malik Frikah, les deux figures qui font une réelle concurrence (amicale) à Adèle Exarchopoulos et François Civil (déjà formidables, comme à leur habitude, et mention spéciale à Vincent Lacoste, qui peut décidément tout jouer), qui crèvent l'écran (et les cœurs) de tout spectateur. Gilles Lellouche s'essaye à l'exercice d'un film incroyablement casse-gueule, à savoir un film dramatique et romantique de presque 3h, dont la moitié est tenue par des inconnus, qui laisse une place plus intimiste aux grands noms (Alain Chabat en Papa Poule qui ferait tout pour sa Princesse : oui, on a fondu), qui pioche dans des comédies musicales (La La Land et West Side Story notamment) et n'hésite pas à aller chercher le plan parfait (la caméra de Lellouche est vraiment stupéfiante), le tout sur une BO gentiment rétro qui fait se dandiner sur son siège. Alors oui, tout ne s'enchaîne pas parfaitement, mais comment ne pas y voir les tentatives audacieuses d'un metteur en scène qui aime ce qu'il fait, son histoire, ses acteurs (et surtout les gamins) et "essaie", un verbe qu'on regrette terriblement de ne plus employer dans un cinéma de plus en plus commercial et formaté. On ne voit pas passer les trois heures dans cette histoire qui nous déchire le cœur (et la raison) en deux, ne sachant jamais ce qu'il vaudrait mieux pour les personnages, ces deux aimants toxiques qui se consument à chaque entrevue...et qui, pourtant ne peuvent s'empêcher de se chercher. Alors zut, oui, comme un coup de foudre qui ne s'explique pas, comme le regard de cet Autre qui fait arrêter le temps autour de nous, qui nous transporte dans des émotions violentes et pourtant si douces : le film de Gilles Lellouche est la déclaration d'amour d'un gars passionné, et nous, on succombe.

Aude_L
8
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le 21 oct. 2024

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