Gilles Le Ouf

Avec sa réputation d'acteur cabotin sympathique (qui connaît les quartiers nord,lui) et surtout remarqué comme l'artisan du fort sympathique Grand Bain, comédie populaire très bien écrite et efficacement mise en scène,la présence d'un Gilles Lellouche en compétition à Cannes était aussi mystérieuse que alléchante. À Cannes on entendait le doute, on voyait le sourire amusé devant ce titre un peu trop populaire. Alors ça donne quoi?

BON DIEU QUE ÇA FAIT DU BIEN.

Tout d'abord on est là face à une proposition qui a la qualité rare de ne pas renier sa promesse Pop dans toutes les acceptions du termes: c'est coloré, c'est populaire, c'est de l'action, ça a un casting 5 étoiles. Mais encore plus rare, cette générosité n'efface pas le désir de faire une vraie proposition cinématographique digne de la sélection de la part de Lellouche quand bien même on n'y voit pas encore un auteur, mais qu'il n'est définitivement pas un faiseur.

Le film découpé en deux parties de deux époques différentes (les années 90 de la première partie sont filmées avec nostalgie mais sans fétichisation) suit un couple qui tombe amoureux par pur coup de foudre à l'adolescence, quand bien même ils sont à des pôles opposés. Habituellement réticent à cette idée d'existence d'un amour immédiat sincère, autant en fiction que dans la vraie vie, je dois avouer que la promesse du titre est tenue: je crois en cet amour ouf. Ça se fait dans un film en deux axes, qui sont sa romance et sa violence. La mise en scène totalement survolté,énergique, furieuse (alternant entre violence brutale et onirisme, mais toujours dans une dynamique folle, une espèce de rage heureuse) est constante et on se retrouve face à un film où chaque séquence sent le travail. Y'a de la bonne baston qui bastonne, du sang en quantité dosée et un travail de montage, et en particuler de surimpression.

Quelques point noir, (d'autant plus décevant de la part de Lellouche ):tout d'abord,la direction d'acteur est loin d'être transcendante. Sans demander à chaque fois du contre emplois, les acteurs "font le taf" surtout les vedettes, comme Chabat qui chabatte, Civil qui civilise et Exarchoupolos qui...bon voilà vous l'avez. les ados sont parfaits par contre, mention spéciale pour le pt'it Kiki qui à sans doute eut des consignes de Quennard lui même pour avoir comme lui l'air d'un abruti qui à appris des mots savants au pif.

Enfin le point faible qui est de taille: l'etallo. Pas spécialement moche on est sur du Titane Like, du chromé, du lens flare et du bichrome chaud froid, sauf quelques séquences.

Alors est ce que c'est brillant? Pour moi oui. C'est mieux: c'est magnifique. Certaines séquences touchent à la grâce sur leur poésie et leur beauté: mais quelques scènes un peu moins inspiré, viennent ternir l'ensemble, un peu comme cette obligation de manger la feuille de salade pas ouf d'un steak frite, parce que merde faut tout finir.

Il n'empêche que ça fout la pêche. Y a du Coup de Coeur de Coppola, avec cette caméra qui traverse les murs en se faufilant, il y a du mélange des genres, il y a deux personnages, quatre acteurs qui vendent totalement le sentiment lourd et brut qui les anime. On a un film de gangster,une comédie musicale, une comédie romantique,un film social, un mélo, une comédie de remariage,un film d'action, une chronique sur 20 ans sur presque 3h sans un seul essoufflement dans son rythme. Tous ces efforts, cette dépense utile d'énergie (car c'est ça, l'énergie qui charge la plupart des images et qui manquent tellement à quelques scènes de quelques seconde) autour d'une histoire d'amour violente et passionnée quand il eût été si simple d'être paresseux, c'est sans doute ça le plus ouf.