L'amour louf
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L’Amour Ouf se rêve en grande fresque romantique et universelle. En vain. Le nouveau film de Gilles Lellouche déborde, dégueule même, d’à peu près tout. D’énergie, de références, de caméos, de mots, de couleurs, de musiques, d’influences. Et d’effets, de beaucoup trop d’effets. Certains sont réussis mais d’autres flirtent dangereusement avec le mauvais goût. Le réalisateur veut trop en faire, trop montrer, il déroule son catalogue de plans ultrasophistiqués dans une mise en scène gigogne qui se perd dans un patchwork de styles pas toujours bien assortis. Ça intrigue d’abord, puis épuise et lasse très rapidement.
Cette mise en scène démesurée et outrancière masque bien mal les faiblesses d’un scénario simpliste qui se déploie avec la subtilité d’un pachyderme, plombé par des dialogues grossièrement écrits accumulant les poncifs.
L’Amour Ouf est une love story insipide dont le développement a du mal à dépasser la simple amourette de lycée entre deux ados que tout sépare. Du déjà-vu dépourvu d’une vision singulière et pire, de passion. Pour rehausser les enjeux, la romance se double d’une histoire de gangsters qui lorgne du côté de références bien trop hautes pour elle (Coppola, Scorsese). Un Peaky Blinders du pauvre dans les Hauts de France…. De nombreuses autres références écrasantes semblent avoir inspiré Lellouche. Il y a du Refn époque Drive dans ses scènes nocturnes et même un peu du Old Boy de Park Chan-Wook dans ses bastons, mais le réalisateur est bien loin de se hisser au niveau de ses modèles.
L’Amour Ouf souffre aussi de gros problèmes de casting. Passons sur le fait que mis à part les jeunes acteurs incarnant Jackie et Clotaire gamins, ça ne joue pas très bien. Ce qui pénalise surtout l’Amour Ouf, c’est qu’en s’entourant d’acteurs très identifiés, Lellouche parasite son histoire et l’empêche de vraiment exister. On voit Chabat, Poelvoorde, Lacoste, Zadi, Quenard et pas leurs personnages. Même Exarchopoulos et Civil sont plus eux-mêmes que Jackie et Clotaire. Ça n’aide pas à susciter une émotion que le scénario avait déjà du mal à faire exister et a pour conséquence de nous sortir du film dans une deuxième partie interminable qui s’achève de manière grotesque.
On ne peut pas enlever à Lellouche sa générosité, son amour du cinéma et des comédiens. Mais son Amour Ouf, insuffisamment fort sur le fond, se perd sur la forme, écrasé par son ambition démesurée.
Créée
le 28 oct. 2024
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