L'amour louf
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Gilles Lellouche tente ici de faire un film onirique sur l’amour qui unit les deux protagonistes principaux incarnés par Adèle Exarchopoulos et François Civil. Il veut nous montrer la puissance de ce sentiment qui les unit malgré leurs différences et les embûches sur leurs chemins.
Malheureusement la superficialité et le manque de nuance irriguent l’écran pendant plus de 2h40.
Tout d’abord par sa mise en scène pompeuse et ostentatoire. Pour vous donner une idée, elle l’est au moins autant que la liste des noms au casting. Chaque scène semble n’être qu’une excuse pour montrer que le réalisateur connaît/maitrise tel ou tel procédé. Effet de zoom, plan en coupe, fondu enchaîné, interlude musical avec danses intégrés, plan à double foyer, gros plan, cut sonore, champ contre champ en travelling circulaire, tout y passe sans jamais être innovant ou sublimé par rapport à ses modèles du Nouvelle Hollywood. Souvent grossiers (gros plan sur les yeux des protagonistes qui tombent amoureux) et parfois tout simplement injustifiés (travelling circulaire entre Vincent Lacoste et Adele Exarchopoulos) les effets utilisés ne sont qu’un best of des idées d’autres réalisateurs, noyant le film dans une profusion technique empêchant toute profondeur et desservant le récit.
Le récit, parlons-en: Gilles Lellouche enferme ses protagonistes à des choix restreints sans aucun fondement. Pourquoi Jacquie n’a t elle le droit de choisir de se mettre en couple qu’avec un gros con riche et prétentieux (qui la frappe et tente de la violer quand elle le largue histoire qu’on ait bien compris que c’était un sale type) OU un bad boy qui casse des gueules pour se faire respecter et gagner sa vie?
Pourquoi Clotaire ne semble pas avoir d’autres alternatives entre continuer à vivre riche et malheureux dans un univers de violence OU pauvre et soumis au point de baisser les yeux et se taire quand il se fait humilier par son patron ? mais heureux car unit à la femme qu’il aime ! Quel sens donner à ce film qui réduit d’autant le spectre des possibles de ses personnages ?
Cette superficialité rejaillit également dans la caractérisation de ses personnages secondaires hyper stéréotypées: le papa au grand coeur mais trop possessif (Alain Chabat), le papa violent usé par son travail (Karim Leklou), le comic relief (JP Zadi), le Raphaël Quenard (Raphaël Quenard), le vieux méchant dépassé par les nouveaux méchants plus jeunes (Benoît Poelvoorde), le méchant “next generation” (Anthony Bajon), le-patron-bourgeois-frimeur-qui-roule-en-decapotable-porte-une-chemise-ralph-lauren-rentré-dans-son-pantalon-beige-remonté-jusqu’au-nombril (Vincent Lacoste).
Pour terminer sur un détail qui n’en est pas un car, à mes yeux, ultime symbole de la vacuité de ce film: les protagonistes ne sont pas sapés comme on le faisait dans les années 90 mais comme ceux d’aujourd’hui qui s’approprient ce style. Gilles et les bobos à l'écran fantasmant sans réflexion sur cette époque révolue.
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le 3 nov. 2024
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