L'amour louf
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Interprète immanquable du paysage français, Gilles Lellouche n’est pas seulement l'acolyte de Guillaume Canet : le récent L’Amour ouf met en exergue son parcours en tant que réalisateur, rare mais notable avec Narco et le récompensé Le Grand Bain. La présente adaptation du roman Jackie Loves Johnser OK? relève toutefois du pavé dans la mare, son succès un brin polarisant déchainant les passions de tout acabit, tout un chacun percevant sa générosité brute selon des prismes contraires.
Car tel est l’esprit de L’Amour ouf, nullement avare en références et idées de cinéma, dans une démarche à tel point démonstrative qu’il souffle avec constance le chaud et le froid. Quoique non exempt de tout reproche, il faut bien convenir que cela sied à son sujet premier, lui qui invoque en cohérence le paroxysme de l’émotionnel, la profondeur du trouble sentimental : l’amour adolescent, viscéral et confus, à même de perdurer dans le temps en dépit du bon sens… puisqu’il s’y soustrait par définition, développant sa propre maturité jusqu’aux retrouvailles, électriques et captivantes à souhait.
L’on se prend donc au jeu conduit par Jackie et Clotaire, deux rejetons aux antipodes mais pourtant si complémentaire du Nord de la France : un décorum industriel dont les conditions âpres, assorties de drames familiaux, accroit le rôle d’échappatoire heureux, d’espoir salvateur pour nos deux tourtereaux en herbe. Le spectateur aura ainsi tout le loisir de trépigner, frémir et jubiler à leurs côtés, à raison de plus que l’écrin brodé par Lellouche et ses équipes confortera une forme de jusqu’au-boutisme… déchainé. Un parti-pris sans carcan ayant les qualités de ses défauts, ses séquences comme hors du temps oscillant entre excellence (dansez, dansez) et clichés consommés (ce baiser dans les champs nous pique encore la rétine).
Introduction funeste et personnalités fortes obliges, l’intrigue quittera fatalement les plates-bandes rassurantes du bonheur partagé à deux : les trajectoires de Jackie et Clotaire se quitteront inexorablement, le second cédant aux sirènes galvanisantes et trompeuses du banditisme, si rémunérateur en comparaison des déboires professionnelles du paternel. L’Amour ouf troquera à cette occasion ses quelques atouts subtils pour d’autres moins fins : le point pivot du long-métrage, entérinant la séparation, nous laissera un peu circonspect, si ce n’est amer, mais tel était le prix à payer pour nous concocter une réunion en fanfare.
Non pas que son second acte sera irréprochable : à l’instar du premier, sublimé par les performances de haut vol de Mallory Wanecque et Malik Frikah, le récit cultivera son lot de ficelles commodes, à l’image du retour inopiné de Lionel. Mais dans la droite lignée de son atmosphère électrique et de ses superbes tableaux, nous réservant çà et là de belles lignes de dialogues (où Chabat s’illustrera à de nombreuses reprises), L’Amour ouf continuera de nous remuer jusqu’à son terme en marge d’une tension allant crescendo. Un dénouement à fleur de peau où les destins de Jackie et Clotaire manqueront de peu de se rater : avec malice, l’intrigue contreviendra à ses premières images tout en nous agitant une menace imprévisible… marquée du sceau de « trop », mais la performance glaçante de Vincent Lacoste nous enjoint à mettre de l’eau dans notre vin.
Bref, L’Amour ouf est un film « total » qui ne laissera personne indifférent : pétri de propositions narratives et graphiques, porté par sa distribution aux petits oignons et une intrigue globalement haletante, le dernier-né si cher à Gilles Lellouche (l’on parle d’un projet de longue date) confirme encore (si nous pouvions en douter) que le cinéma français en a beaucoup sous la pédale.
Créée
le 24 nov. 2024
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