L'amour louf
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Il est assez rare que je passe un si mauvais moment devant un film que je ressente le besoin d'en parler à tout mon entourage, sur les réseaux, et ce de manière insistante et matraquée. C'est peut être d'ailleurs la première fois que ça m'arrive avec une telle intensité.
Romance adolescente puis adulte, avec un casting cinq étoiles et une réalisation qui se permet toutes les fantaisies, l'Amour Ouf avait sur le papier tout pour plaire à la critique, au public, aux petits branleurs cinéphiles comme moi et aux nostalgiques des années 80. Mais si il vous prenait la folle idée d'avoir une fibre un tant soit peu féministe, je vous déconseille de voir l'Amour Ouf. Peut être que cela ne reflète pas la personnalité de Gilles Lelouche (j'en doute vu la dimension personnelle du projet) mais j'ai rarement vu un male gaze aussi dégueulasse, un personnage féminin PRINCIPAL aussi mal écrit, qui n'est définie que par sa vie amoureuse (même son père ne lui parle que de ça) et qui atteint le pinacle de la honte dans une scène où Lelouche filme comme un coup de foudre une scène qui devrait être humiliante ou audacieuse, froide ou courageuse, mais absolument pas "sexy", et qui ne devrait pas aboutir à un mariage ! Car oui, dans le monde de Gilles Lelouche, harceler une employé qu'on vient de virer, c'est la meilleure manière de la séduire.
Vous aurez donc compris que la forme et le fond s'allient pour le plus abject dans ce film, et si le traitement des personnages féminins peut relever d'une forme d’impensé, puisque le male gaze n'est pas une invention de Gilles Lelouche, que dire par contre du trip nostalgique qu'il nous propose? Des années 80 fantasmées, dans lesquelles être un caïd dealer de drogue est super cool et ressemble à s'y méprendre à un clip de rap, dans lesquelles la violence ne résous rien, mais un peu quand même, surtout quand on peut menacer son patron de le faire tabasser par son copain qui sort de prison, et où taper une femme c'est pas OK, mais par contre faire le mafieux en défonçant tout le monde dans une boîte de nuit, c'est vraiment trop cool.
Qu'on soit clair : j'hyperbolise sûrement les défauts de l'Amour Ouf, qui n'ont visiblement pas sauté à la figure de beaucoup de gens qui ont vu, et ont aimé le film. Mais c'est justement au vu de ce succès que je ressens le besoin de réagir : que faire d'un film à la forme si soigné pour servir un propos si bas, si cliché? Que faire d'un film qui ressuscite un imaginaire moyenâgeux (cf le foulard de la "princesse" au bal de l'école) et qui représente les banlieues de cette manière? Que faire d'un film qui nous rappelle les pires heures de l'histoire de la carrière d'Eddy Murphy, réduisant Jean-Pascal Zadi au rôle du "pote noir rigolo" alors que son personnage semblait bien plus complexe?
Le projet nostalgia porn de monsieur Lelouche n'a pas pris sur moi, et comme j'avais aimé le grand bain, je me prend à espérer que la prochaine fois, il retournera à ce qu'il connaît : les cinquantenaires blancs dépressifs, puisque apparemment, lorsqu'il représente autre chose, il ne sais pas faire sans les pires des clichés.
Créée
le 4 nov. 2024
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