Réalisé en 1947, ce neuvième film du maître japonais fait partie de la série "polars sociaux" de Kurosawa. Sa patte commence à s'imposer et son style à se définir.
Le titre déjà révèle toute l'ambivalence du l'oeuvre.
Un ange ivre, qui ne marche donc pas droit, qui titube, le lieu choisi pour la mission salvatrice de cet ange : un lieu nauséabond pour qui veut lutter contre les épidémies.
Ambivalente aussi la relation qui se nous entre le médecin et son patient, un yakuza venu lui demander de soigner une simple blessure mais celle-ci révèle autre symptôme.
Le cinéaste nous montre une face extrêmement pessimiste du Japon de l'après guerre. D'ailleurs le quartier pauvre de Tokyo, dans lequel se passe cette histoire représente bien sûr le pays dans son intégralité. Pays qui souffre et a du mal à relever la tête et à se remettre de la défaite.
Dans cette atmosphère lourde et malsaine évoluent donc deux personnages principaux, antagonistes mais qui se rapprochent. Le médecin vieillissant s'identifie au jeune homme à la dérive.
Dans le rôle du yakuza, l'une des premières apparitions de Toshiro Mifune. Il deviendra l'acteur fétiche de Kurosawa mais son charisme, la puissance de sa présence à l'écran nous fait bien comprendre pourquoi. Il tient la dragée haute au médecin qui a pourtant le rôle principal. Il vole la place de héros du film à celui qui pourtant tient le rôle titre.
Après une scène d'une rare puissance qui marque la fin d'une lutte, place à la rédemption.
Une lueur d'espoir après la tragédie ?