Je ne sais pas pourquoi, j'avais dans l'espoir que « L'Année sainte » serait vaguement sympathique, la présence de Jean Gabin pour son dernier film ayant aussi compté. Au final, c'est une certaine affliction qui m'a traversé lors du générique, tant voir le héros de « La Grande illusion », « Pépé le Moko » et autres « Voici le temps des assassins » terminer sur pareil navet a quelque chose de profondément triste. Pourtant, cela ne démarrait pas trop mal : bien qu'extrêmement banal, l'évasion est plutôt efficace et le rythme convenable. Et puis, tout à coup : le choc. Alors que nos deux acolytes semblaient se diriger tranquillement vers l'Italie en avion, voilà que celui-ci est attaqué... par des pirates de l'air, parmi lesquels le plus mauvais acteur de l'Histoire du cinéma italien. Et oui, rien que ça ! Mais bon, on se dit que cela ne va pas durer très longtemps... Et bien si.
En fait, 80% de « l'action » va se passer dans ce décor unique, et c'est insupportable. Aucune mise en scène, aucune idée, aucune situation potable ou presque : le résultat tourne rapidement au calvaire, d'autant qu'on en voit jamais la fin et avons l'impression que nous restons bloqués encore plus longtemps que les passagers (comprenez plusieurs heures). Le pire, c'est que Jean Girault et son dialoguiste Jacques Vilfrid sont persuadés d'être hilarants tant on devine aisément toutes les répliques que les deux compères imaginent irrésistibles : bide total et absolu à chaque fois. On imagine presque un prompteur installé dans la salle pour signaler aux spectateurs quand ils doivent rire, aucun autre moyen n'étant de toute façon possible pour eux.
Seul bon moment : les retrouvailles entre Gabin et Danielle Darrieux (digne même dans les pires daubes : quelle classe!), où même Vilfrid retrouve un peu de verve pour nous offrir quelque chose de plutôt joli. Dommage toutefois que leurs adieux cinématographiques aient dû se faire dans pareil projet, le destin est parfois cruel... Notons, enfin, un dénouement potable, bien qu'au fond assez prévisible. Ce n'est toutefois rien en comparaison de l'incommensurable ennui que j'ai pu subir le reste du temps, le genre de nanar comme on en fait heureusement presque plus : allez, je me mets vite à la recherche d'un autre titre avec Jeannot histoire d'enlever cet arrière-goût décidément difficile à faire passer...