Le film regarde un village (St-Juire au sud de la Vendée) et une médiathèque projetée en son sein sous l'égide du Maire socialiste. Le film peut être résumé en cette seule phrase, donc je comprends qu'il puisse refroidir certains; seulement on observe la vie politique concrète (la vraie politique) incarnée en une situation avec un problème donné : faut-il construire cette médiathèque ?
Le maire incarne la gauche caviar, bourgeoise. Il veut dynamiser son fief, donner du pain et en l'occurence des jeux à ses sujets. L'autre figure antagoniste à celle du maire est celle de l'instituteur qui incarne l'intellectuel frondeur, qui croit en ses idées, qui se manifestent sous une forme quasi guerrière. Les personnages principaux débatent, discutent sur des sujets comme l'écologie, la politique, l'urbanisme, l'architecture (en tant qu'étudiant en archi la scène où l'architecte "DPLG", comme dirait Luchini, présente, défend, son projet un peu pathétiquement m'a fait sourire tant il est plaisant de voir sa propre médiocrité à l'écran) ; mais au milieu du film, une journaliste interroge les habitants de St-Juire, les vrais, sur ce qu'ils voudraient pour leurs ville, leurs habitat au sens large, sur la campagne qui se vide petit à petit, sur les commerces qui meurent, sur les copains qui partent, sur la situation des agriculteurs, sur l'avenir incertain. Cette séquence est plutôt puissante car elle rentre en confrontation avec le reste du film et le reste des personnages, qui décident de leur vi(ll)e à leurs place.
Rohmer nous questionne : pourquoi garder les habitants, les vrais (ceux qui ont voix au chapitre dans la décision du projet de la médiathèque ne sont pas des vrais habitants de St Juire, pas même Luchini, il le dit lui même dans l'entretien avec la journaliste) en dehors du cercle de la décision politique ? Surtout vu la compétence de ceux qui en ont fait leur métier.
Bref film ki fait réfléchir