Claude Sautet a mis 5 ans pour tourner un nouveau film après son excellent premier long-métrage "classe tous risques". Il en mettra à nouveau cinq avant de tourner "les choses de la vie " et passer à un autre style de cinéma. Un peu, comme s'il se cherchait.
Grand amateur du cinéma américain, je pense qu'il avait envie de s'y essayer. Ici, il s'inspire du roman "Aground" d'un auteur de polars américain, Charles Williams qui a été publié dans la "Série Noire" sous le titre "Ont-ils des jambes". Comme je ne connais malheureusement pas ce dernier, je ne peux pas en parler sinon que les titre original et français ne semblent pas contredire le film.
Le résultat n'est pas tant un film noir qu'un film d'aventures (exotiques) qui se déroule aux Caraïbes. En effet, un capitaine de bateau appelé dans une île des Caraïbes pour expertiser un yacht qui disparait mystérieusement peu après. Il se voit embringué par la propriétaire du bateau pour le retrouver, sans se douter qu'il va se retrouver au milieu d'une affaire de trafic d'armes.
C'est Lino Ventura qui joue le rôle de ce capitaine-expert qui a toujours le chic de se foutre dans une mélasse pas possible. C'est tout juste si les flics ne le considèrent pas comme le complice du vol du bateau. À peine libéré de cette première accusation, le voilà en butte avec des trafiquants américains pas très gentils.
Clairement, c'est lui qui porte le film sur ses (larges) épaules. Égal à lui-même, il fait évidemment face à la situation …
Face à lui, on trouve le second couteau de nombreux polars ou westerns américains, Leo Gordon, mitraillette en bandoulière H24, marcel sale sur son bide un peu proéminent, doigt bloqué sur la gâchette, l'air pas très avenant.
Tiens, un point qui apporte un peu d'authenticité au film, c'est que Leo Gordon, en bon américain typique, ne baragouine que de l'anglais. Il sera de même pour les acteurs locaux qui ne parlent qu'espagnol. La bonne idée est que le film respecte les langues originales des protagonistes avec des dialogues sous-titrés.
Le rôle de la propriétaire du bateau, pas si riche veuve d'un milliardaire qui semble avoir fait de très mauvaises affaires sur ses vieux jours. C'est une actrice que je ne connais pas, italo-yougoslave Sylva Koscina. Enfin, plutôt une actrice que je n'ai jamais trop remarquée car sa filmographie la montre dans des films que j'ai déjà vus. Elle ne m'a pas paru transcendante dans ce film au-delà de sa belle plastique.
D'un point de vue mise en scène, il y a des choses très bien comme le huis-clos sur le yacht ou l'utilisation de l'hydravion pour rechercher le bateau. Ou encore les scènes du début pour faire couleur locale ou exotique plutôt bien réussies.
Par contre, il y a aussi des scènes qui semblent rajoutées ou passablement inutiles. Comme celle au début où on voit Leo Gordon flinguer à tout va son concurrent ou son fournisseur sans véritablement de raison autre que de montrer au spectateur qu'il est bien méchant. D'autres scènes ne me paraissent pas très bien pensées comme celles où Leo Gordon reste bloqué sur la petite île… À moins qu'il ne s'agisse de démontrer qu'il est non seulement méchant mais aussi bête …
Malgré ces quelques petites imperfections, c'est un film qui se regarde bien avec un suspense (réel bien que pas très violent …) mais surtout avec Lino Ventura qui nous fait … du Lino Ventura. Surtout qu'il est accompagné par une musique jazz, une trompette un peu langoureuse, typique du film noir US des années 50, bien agréable à écouter.