The Art of self Defense est un film sorti en 2019. Ce film est le deuxième long métrage du réalisateur Riley Stearns. Malgré un premier rôle incarné par Jesse Eisenberg, le film est passé inaperçu. Tout d’abord le film à retenue mon attention avec sa bande annonce : « un film supposément de Kung Fu, mais qui en réalité à l’air de s’intéresser beaucoup à la psychologie des personnages ». C’est une proposition pour le moins singulière. J’ai donc tenté l’expérience et je dois dire que j’ai été agréablement surpris.
Une des qualités rares du film c’est qu’il est imprévisible. Le scénario semble si loin des autres objets filmiques que l’on a l’habitude de voir qu’on ne peut pas le prévoir. On se demande constamment où le film va-t-il se diriger, car il ne donne que très peu d’information sur le déroulement du scénario. Mais je pense que ce qui fait la particularité de ce film et le fait que l’on a du mal à prévoir la suite c’est son style, sa forme.
En effet, The Art of Self Defense change sans cesse de genre. Je m’explique, le film commence assez rapidement dans le drame/thriller, on nous présente un personnage qui a peu d’assurance et qui va se faire tabasser, on pourrait aller jusqu’à croire qu’il va en mourir tellement le ton du film est grave à ce moment-là. Mais Jessie se rétablis et décide de s’inscrire dans un cours de Karate pour assurer sa propre sécurité.
A ce moment-là c’est bon, on se dis qu’il va apprendre les arts martiaux et arriver à se défendre, mais ça ne se passe pas exactement comment ont pourrais s’y attendre. Au lieu de continuer sur le thriller, le film prend un ton de comédie satirique. Une satire par moment sur les armes, ou sur une sorte masculinité abusive qui est sensé justifier toutes les atrocités et qui est en fait le vrai sujet du film. Une fois son inscription dans les cours de Karaté, Jessie va apprendre, sous les conseils avisés de son maitre, à utiliser son corps mais surtout à changer sa mentalité.
Le « sensei » (équivalent de maitre en japonais) est une personnification de cette violence mise au service d’une sois disant masculinité. Pour lui, un homme doit être virile, il doit inspirer la peur, et c’est ce qu’il va s’évertuer d’apprendre à Jessie à travers des recommandations douteuses. Tel que le fait de changer de race de chien pour un chien plus fort, ou encore d’écouter du métal, car étant plus agressif il permettrait d’être plus fort et plus intimidant. Le film va beaucoup se moquer de cette sois disant masculinité masculinité à travers la comédie, une comédie de l’absurde. Un absurde qui réfléchit, qui montre les limites d’un mode de pensé, qui montre cette petite société humaine comme une jungle ou le plus fort fait la loi. Si tu es viril et que tu l’affirme tu es accepté.
Ce qui est très impressionnant c’est la facilité déconcertante avec laquelle le film change de genre. Je pense que cela est dû au fait que le film est très intimiste. On nous montre que quelques personnes, d’ailleurs le film nous montre la petite vie de Jessie, un homme très loin d’être extravagant, c’est un homme simple. Cette intimité va nous permettre de nous rapprocher du personnage de Jessie, de rentrer dans ce personnage en pleine mue psychologique.
L’intimité du film se porte très bien au genre de la comédie mais également au genre du drame, c’est pour cela que le film arrive si bien à passer de l’un à l’autre. Bien que changeant beaucoup de genre, le film parvient à garder une homogénéité. Si le film restait tout le temps sur le ton de la comédie, cela desservirait son propos, on se dirait que le film n’est pas vraiment sérieux et qu’il s’agit simplement d’une blague, que le sujet traité est là pour amuser par son absurdité et non pas pour faire réfléchir. Le film va avoir l’audace d’aller plus loin.
En abordant son sujet à travers une mise en scène digne d’un thriller, le film nous permet de voir qu’il y a un vrai problème, il nous montre la dureté de cet état d’esprit et la violence exercé sur le personnage de Jessie, aussi bien physique que moral. Le film ne va pas non plus dans un seul sens. Jessie va finalement arriver à prendre de l’assurance, beaucoup d’assurance. Dans les cours donnés par son sensei il va se tromper en faisait précisément ce que son sensei lui demande. Mais ces cours vont lui permettre d’affronter ses problèmes. Bien que la philosophie de vie du sensei soit néfaste et inadéquate pour Jessie, Jessie va réussir à trouver sa propre « masculinité », affirmer sa propre manière d’être.
Porté par le fabuleux Jesse Eisenberg, The Art of Self Defense est un film très intimiste qui permet d’y voir un peu plus clair sur la masculinité qui est mise à mal à notre époque, aussi bien par ses détracteur que par ceux qui la fantasme et l’utilise pour justifier des comportement dangereux.