Voila un film qui sent fort la testostérone. Le personnage principal (Jesse Eisenberg, au sommet comme d'habitude) a justement un défaut de virilité, du moins c'est ce qu'il pense.
Untermensch de son temps (le film choisit pour espace temporel cette période bénie qu'était la fin des années 90 / début 2000) , travailleur esseulé du tertiaire, le protagoniste décide de prendre sa vie en main en franchissant les portes d'un dojo de karaté. Cet endroit est tenu par un homme charismatique (Alessandro Nivola) qui se fait appeler sensei, copie opposée de notre bolos.
À partir de là, on pourrait penser à un remake dans le midwest de Fight Club, le film préféré des étudiants en première année de cinéma.
Cependant, et heureusement pour nous, la narration prend de l'ampleur après avoir pris le temps de poser ses bases. En effet, en insérant le personnage d'Anna (Imogen Poots, formidable) le film se permet de tourner en dérision son sujet sans jamais sombrer dans la pure comédie-parodie. Parce qu'une des forces de The Art of Self-Defense est de proposer une réflexion latente sur ce qu'est la virilité, et plus largement le conditionnement que peut exercer notre environnement (ou son absence).
En parlant d'humour, il faut noter que le film est intelligemment parsemé de punchlines et autres gags de situation. C'est l'autre force du film. Ainsi, j'étais par terre pendant une bonne durée de la projection avec ma bouteille à oxygène.
Malgré un scénario solide, on arrive à deviner les grandes lignes du dénouement. Mais j'ai envie de dire que le film ne si situe pas là, contrairement à Fight Club justement.
Voilà un petit bijoux du cinéma indépendant américain qui saura, je suis sûr, faire son chemin parmi les classiques du genre.