L'Au-delà par Nicolas Montagne
Souvent conspué par la critique, Lucio Fulci nous aura pourtant fait l'honneur de nous livrer, dans la dernière partie de sa carrière, de purs chefs d'oeuvre qui n'ont pas à rougir face certains films de Dario Argento. L'Au-Delà est de ceux-là, et de loin! Avec son ambiance de pourriture et de mort (décomposée bien sûr), il réussit à conférer au film une aura particulière et ne ressemble à aucun autre. La mise en scène est, fait rare chez Fulci, plutôt bonne, avec des idées de cadrage véritablement intéressantes et des associations d'idées percutantes.
On a le plaisir de retrouver Catriona Mc Coll et David Warbeck, tous deux excellents dans leur lutte pour la vérité. On a également droit à notre ration de scènes culte, celles que l'on attend en voyant un Fulci: une mère se fait brûler le visage à l'acide sous les yeux horrifiés de sa fille, la même petite fille transformée en zombie qui se fait défoncer le crâne, un homme qui se fait manger par des mygales (la langue et un oeil en gros plan!), un pauvre diable crucifié et dissout dans l'acide ou encore diverses goreries bisseuses plus que bienvenues.
L'ambiance est aussi mystérieuse, évasive, de l'ordre de la rêverie ou du cauchemar, tout comme la narration. Certaines scènes n'ont pas grand chose à voir avec les précédentes, et on a parfois l'impression qu'un dialogue n'est pas fini pour passer à quelque chose d'autre, chose que nous retrouvons tous lorsque nous rêvons ou cauchemardons. Pour autant, cet aspect désorganisé ne perd jamais le spectateur, il l'emmène au contraire dans cette histoire plus que bizarre de bouches de l'enfer et de mer des ténèbres. Avec une fin resplendissante confinant à l'infini, nul doute que L'Au-delà fera partie des oeuvres de référence pendant des années encore.