Il va sans dire que Louis De Funès adorait le théatre, qu'il aimait jouer aussi bien dans des boulevards que des grands textes, et que sa maladie cardiaque l'empêchait de fouler les planches depuis des années. Avec L'avare, qui sera d'ailleurs sa seule réalisation, assisté de Jean Giraut, c'est l'occasion de lier théatre et cinéma, et qui plus est en jouant du Molière, dans un rôle adapté pour lui.
J'ai d'ailleurs le souvenir que le texte était un peu plus sombre, mais Louis De Funès l'a adapté à ses dimensions en jouant bien entendu le rôle de l'avare, du cupide, et il faut avouer que non seulement il est drôle, notamment avec ses mimiques à base de canards, mais la joie manifeste de jouer du grand texte lui fait pousser des ailes, lui permettant pour la dernière fois de retrouver cette énergie qu'on aimait tous. Car ici, il en fait des caisses, et avec quel plaisir. D'ailleurs, il s'est entouré d'une foule d'amis et confrères ayant déjà joué à ses côtés comme Michel Galabru, Claude Gensac, le duo Grosso & Modo, ou Micheline Bourday, qui avait joué à ses côtés au théatre. A côté, les plus jeunes, comme Hervé Bellon (qu'on connait pour être la voix de Victor Newman dans Les feux de l'amour !) ou Claire Dupray sont un peu plus falots, mais comme toujours, un regarde un film de De Funès pour l'acteur qui a l'air de s'amuser. Alors, il ne faut pas trop s'offusquer de l'absence ou presque de mise en scène, mais les réalisateurs ont gardé la très bonne idée du quatrième mur où les personnages parlent au public en exprimant leurs pensées, sauf que les autres aux alentours peuvent les entendre.
A l'arrivée, L'avare sera un succès, moindre par rapport à ce que faisait De Funès, mais il reste à ce jour le plus gros succès d'une adaptation de Molière, et c'est pour moi un bon film.