L'avenir appartient à ceux qui ne perdent pas leur temps avec Mia Hansen-Løve

Je n'avais rien sous la main pour ce soir-là et ils passaient ce film sur Arte.
Le présentateur en disait que la réalisation était "impressionniste", faite de "caresses" et de touches "délicates"...


...Eh bah chapeau.
Je crois qu'il va falloir que les présentateurs d'Arte revoient leurs bases en termes d'art.


Alors d'abord, d'après la définition présente sur Wikipedia, l'impressionnisme c'est un courant de peinture qui se caractérise par "des traits de pinceau visibles, la composition ouverte, l'utilisation d'angles de vue inhabituels, une tendance à noter les impressions fugitives, la mobilité des phénomènes climatiques et lumineux, plutôt que l'aspect stable et conceptuel des choses, et à les reporter directement sur la toile."
Du coup - juste pour la curiosité malsaine - j'aimerais qu'à Arte on me dise clairement - minutage à l'appui - où se trouvent dans ce film les "angles de vue inhabituels", les "tendance à noter les impressions fugitives", la "mobilité des phénomènes climatiques et lumineux"...


Mais bon - je vous rassure - ce billet ne sera pas une critique d'Arte mais bien une critique de cet "Avenir" de Mia Hansen-Løve.
Et si j'ai pris la peine de cette digression c'est juste pour mettre un petit coup de pied dans les arguments vaseux qu'on nous sort traditionnellement pour vanter les qualités de ces films qui n'en sont pas.


Si "L'Avenir" peut plaire à un certain public (et grand bien leur fasse) c'est juste parce qu'il reproduit le petit univers bourgeois dans lequel ces gens aiment se complaire.
Un univers de profs de droite qui vivent dans des apparts spacieux et des résidences secondaires en Bretagne.
Un univers où on se préoccupe d'activités nobles comme l'édition de manuels ou d'auteurs classiques.
Un univers où on se doit de subir les assauts réguliers de la médiocratie que cela vienne d'élèves méprisables, de commerciaux de l'édition cupides ou bien de ces abominables gauchistes qui veulent préserver des acquis sociaux.
Un vrai univers de bourgeois de droite vous dis-je...


Alors après qu'on ne me fasse pas dire ce que je n'ai pas dit : moi ça ne me dérange pas qu'on se complaise là-dedans - pas de souci, à chacun ses pornos - mais à un moment donné il faut savoir aussi reconnaître certaines réalités factuelles...
...Et la plus évidente me concernant c'est que le cinéma de Mia Hansen-Løve est juste d'une pauvreté artistique confondante.


Vous pourrez les chercher autant que vous voudrez les angles de vue inhabituels et les impressions fugitives dans ce film, vous aurez bien du mal à les trouver.
C'est du plan-plan basique sans audace. De la simple mise en image au service d'un script autant verbeux que simplement descriptif.
Ça parle tout le temps et surtout ça parle pour simplement expliciter les situatiions de chacun.
"Ah mon élève préféré qui est devenu normalien comment vas-tu ?
- Oh pas top, je suis actuellement dans un moment de remise en cause existentialiste.
- Mais pourquoi ? Tu es si brillant ! Tu es le meilleur élève que je n'ai jamais eu.
- C'est vrai. Vous avez toujours su prendre soin de moi. Comme la fois où..."
...Bon je vous passe la suite car ça dure comme ça pendant des minutes, avant d'enchainer selon le même modus operandi avec les élèves, puis avec le mari, puis avec la mère, puis avec les éditeurs...


Et vous pensez que c'est le seul problème de l'écriture de Mia Hansen-Løve ?
Eh bah dites-vous qu'à cette lourdeur des dialogues s'ajoute la grossièreté de la structure du récit.
En gros elle ne s'est pas foulée : d'abord 35 minutes d'exposition histoire de bien faire le tour (en dissertation) du quotidien de Nathalie. Puis ensuite 25 minutes d'éléments perturbateurs qui nous refait toute la liste par le menu : à nouveau le mari, puis les élèves, puis la mère, puis les éditeurs, puis le normalien...
Et après une telle heure fastidieuse, on est reparti pour trois quarts d'heure histoire d'installer une nouvelle situation - toujours déroulée d'une manière aussi didactique - tout ça pour conclure là où il était évident depuis le départ que le film arriverait.
(En même temps difficile de ne pas deviner tant l'écriture de Mia Hansen-Løve est plate et balisée.)


Et tout ça pour dire quoi en plus ?
Tout ça pour nous dire que le changement... Eh bah ça peut être salvateur en fait.
Alors attention hein ! On parle bien ici d'un changement bourgeoisement supportable hein ! Surtout pas de changement de société. On parle bien ici du changement d'un individu au service de lui-même... Et puis un changement qui reste malgré tout trèèèès modéré. (...Faut pas déconner non plus.)


Alors moi, du cinéma comme ça, autant ça m'aflige en tant que spectateur et cinéphile, autant ça me facilite la vie en tant que posteur de critique.
Pas besoin de nuance : aussi bien dans le fond que dans la forme, j'exècre tout.
Ç'en est presque un cas d'école.


Alors voilà. Ça y est. J'ai fait mon rappel vaccinal contre la bobolamentablopathie.
Je pense que je vais pouvoir laisser ce cinéma-là de côté un petit moment sans remords...
...Car l'avenir des cinéphiles se trouve là on explore vraiment le cinéma.

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le 24 févr. 2021

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