Après Flashdance, Flash Singer
AUTANT QUE POSSIBLE, NE LISEZ PAS CETTE CRITIQUE AVANT DE VOIR LE FILM.
D'ailleurs, si vous n'avez pas encore vu le résumé, n'allez pas non plus le lire et tenez-vous éloigné de toute information concernant le sujet.
Je ressens rarement la nécessité de donner ce conseil car à mon sens, l'intérêt de voir un film en arrivant "vierge" de toute info n'a pas toujours une incidence ni un grand intérêt.
Mais dans ce cas précis, cette théorie chère au cœur de mon cher panda roux s'applique indéniablement.
Qui plus est, je profiterai de l'avertissement initial pour SPOILER comme un sauvage, raison de plus pour vous abstenir si vous comptez voir le film.
On ne prétendra pas que je n'ai pas prévenu, maintenant...
Je suis arrivé devant Jacob's Ladder la gueule enfarinée.
Autant dire que la première scène de guerre, ultra violente, a donné le ton. Et le reste est à l'avenant.
J'ai kiffé ma race dans ce rêve éveillé, à mi-chemin entre folie pure, hallucinations gentillettes, voyage paranormal et parti-pris religieux.
Le mélange assumé de tous ces univers est délicieusement dérangeant pour le spectateur, malmené de bout en bout dans sa logique et ses convictions.
Je n'ai pas honte de le dire, ça m'a même gentiment fait flipper.
Merci de vous inquiéter, je devrais malgré tout réussir à dormir cette nuit, mais finalement les films qui arrivent à faire ne serait-ce que frissonner le spectateur "blasé" ne sont plus légion, a fortiori un truc de 1991 sans des masses d'effets spéciaux (preuve une fois encore, si c'était nécessaire, qu'un film vieillit mieux si il mise sur l'ambiance que sur la technique...).
Quelques seconds rôles marrants à retrouver, du docteur Benton d'Urgences à Macaulay Culkin, qui a au moins le bon goût de jouer un gamin mort écrasé par un camion, ça soulage après avoir eu envie de lui défoncer la gueule à coups de pelle si souvent.
La musique de Maurice Jarre, tout à fait à sa place.
Et bien entendu Tim Robbins lui-même qui, malgré une gueule d'innocent qui me fera toujours halluciner, incarne parfaitement ce militaire torturé par des visions, cauchemars et n'arrivant plus à placer la frontière entre rêve et réalité, et pour cause...
J'étais parti pour lui coller 7, mais en réfléchissant sur les reproches à lui faire j'ai réalisé que le manque d'originalité de sa fin n'était pas très fair-play étant donné son âge.
En revanche, voici une raison de plus pour incendier Sucker Punch, qui n'a décidément rien inventé, rien de chez rien.
Au registre des reproches donc, ça tient principalement à une chose :
n'étant pas croyant à titre personnel, d'une part ce film demande d'admettre bien plus de choses que je ne suis prêt à le faire, d'autre part j'ai trouvé les allusions religieuses justement, parfois bien peu subtiles.
Et c'est d'autant plus dommage que le reste du traitement et de la narration sont habiles.
On montre relativement peu de choses des "démons", mais par moments c'est encore trop à mon goût, et le message délivré est par trop prosélyte.
J'aurais été plus prompt à pardonner cela, si ce n'était pas directement lié à la fin.
Fin qui m'a déçu, je crois.
Par son côté prévisible un petit peu, mais aussi et surtout pour le message bateau "être en paix avec soi-même blabla".
Ce 8, très bonne note, s'explique aussi parce que j'ai beau y réfléchir, je réalise qu'aucune ne m'aurait vraiment convenu.
Si le réalisateur n'avait donné aucune réponse et nous avait laissé le choix, je n'aurais pas été satisfait non plus.
Donc Lyne n'a pas fait LE mauvais choix.
Il a pris l'un des mauvais choix, là où il n'y en avait vraisemblablement pas de bon. Peut-être même le meilleur.
Et puis sans cela, le film ne serait guère autre chose qu'un trip sous acide, sans grand intérêt je crois.
Mais bref ne vous laissez pas décourager par ce paragraphe de rageux anti-clérical combo athée de base, le film est excellent et vaut définitivement le coup d'œil !