L'Échelle de Jacob par Absalon
Chef d'oeuvre méconnu du film d'horreur-fantastique, L'échelle de Jacob est un film à voir pour tous ceux qui n'ont pas froid aux yeux. Je ne ne le recommanderais en effet pas à tout le monde : le film dérange, met vraiment mal à l'aise (la scène de l'hopital), voire fout carrément les jetons (j'ai eu personnellement du mal avec la la baignoire). Le film va ainsi jusqu'au bout de son message et prend souvent le risque du laid ou du désagréable (la stroboscopie) ; on en ressent que mieux l'effroi de Jacob Singer, simple postier sujet à des hallucinations en rapport avec son séjour au Vietnam. La première scène, celle du métro, fut ainsi retranscrite quasiment à l'identique dans un Silent Hill tant son impact visuel était fort.
Toutefois, L'échelle de Jacob ne se résume pas une succession de scènes réussies. L'arrière fond culturel est étonnamment poussé et réfléchi (Maître Eckhart, Dante, la Bible évidemment) et apporte une assise appréciable au discours du film. Le scénario, globalement innataquable, est sujet à plusieurs interprétations, et si vous le visionnez entre amis, soyez sûrs qu'un débat suivra pour voir qui aura le mieux compris. Plusieurs niveaux de compréhension sont d'ailleurs possibles, de la simple explication de l'histoire à une interprétation symboliste du parcours de Jacob Singer (qu'encourage l'arrière fond ésotérique du film). Enfin, le film a l'intelligence de reprendre pour soi une des grandes psychoses de l'époque : la manipulation des esprits durant la guerre froide. On se retrouve ainsi à mi-chemin entre un Mandchurian Candidate et un Sixième Sens, ce qui achève de nous égarer. Bref, si vous aimez être ballotté, perdu, bousculé par un film, L'échelle de Jacob vaut le détour.