Je n'ai pas vu un grand nombre de films de Guillermo del Toro, mais suffisamment pour savoir qu'il aime les lieux clos (ici un pensionnat pour orphelins !), qu'il ne rechigne pas à choisir comme toile de fond un contexte historique bien violent et bien anxiogène (avec la guerre d'Espagne, que le réalisateur réutilisera avec encore plus de brio pour Le Labyrinthe de Pan, on est très bien servi !), qu'il met en scène un ou une protagoniste (ici un !) encore psychologiquement dans l'enfance qui va devoir faire face à une situation grave le ou la faisant passer brutalement à l'âge adulte. Et ce n'est pas le fantastique qu'il faut craindre, mais la réalité. Ah oui, il y a bien sûr une grosse enflure dont on attend avec intensité et impatience la mort (le personnage concierge assure dans cette partition, vivement qu'il crève !).
Oui, parce que les monstres ne sont pas des spectres, mais des êtres humains de chair et d'os. La cruauté n'est pas chez les fantômes, mais dans notre monde. Le fantastique est même un lieu de bienveillance, un refuge, parfois même une aide.
Avec L’Échine du diable, on est vraiment en plein dedans, accentué par le fait qu'on est sous un ciel clair et une chaleur oppressante (le contraire de ce que l'on attend généralement d'un film d'horreur fantastique !). Le cinéaste ne manque pas là encore de nous montrer que le conte, ce genre qui peut atteindre quelquefois des summums d'horreur, s'inspire en bonne partie des vraies choses.
Bon, il faut bien l'avouer, il y a quelques fautes de rythme dans la première moitié, notamment à cause de l'amitié entre les deux garçons qui met un peu trop de temps à se mettre en place, il y a trop de confrontations avant d'en arriver là (c'est bon, tu as vu que tu pouvais lui faire confiance, donc arrête d'être agressif envers lui !). Heureusement que ça accélère nettement dans la deuxième, pour être même sacrément puissant dans une dernière demi-heure particulièrement prenante où les séquences chocs s'accumulent (mention spéciale à l'incendie, sommet d'atrocité !).
Bref, j'ai constaté en visionnant ce film que Guillermo del Toro n'avait pas attendu Le Labyrinthe de Pan pour porter un bel uppercut au spectateur avec sa patte bien personnelle.