Rien de plus classique qu’un couple qui se sépare sur fond de querelles à propos de la garde des d’enfants et du partage des biens, et pourtant Joachim Lafosse signe un film poignant dont la douce mélodie résonnera en nous pour longtemps. Ce huis-clos retrace l’histoire d’une séparation compliquée entre Marie, fille de bonne famille, et Boris, habitué des galères et des petits boulots. Les enfants et le partage de la maison sont au cœur de leurs querelles, et les obligent pour le moment à continuer à vivre ensemble. De ce couple à la dérive, on ne saurait dire qui est victime et qui est bourreau, ce qu’on sait c’est qu’ils sont tous les deux perdants et surtout perdus. Bérénice Bejo et Cédric Kahn, les deux acteurs principaux, crèvent l’écran et subliment une réalisation qui se veut juste et qui va à l'essentiel. Certains lui reprocheront une esthétique simpliste ou certaines longueurs, qu’importe, Lafosse a le don d’émouvoir. Les scènes, toutes d’une justesse rare, comme la scène du dîner entre amis, se succèdent comme un hymne célébrant la mort de l’amour et la fin du couple. Un drame simple, en somme, qui pourrait être un conte moderne avec pour épilogue cette réflexion de la mère de Marie sur le couple et l’amour au XXIème siècle : « Autrefois on savait réparer (…) et maintenant on jette, pareil dans un couple ».