En ce jour d'été torride, quel rafraîchissement de se plonger dans cette fable cocasse et sensible !
Ah on va le regretter ce cinéma de Solveig Anspach, qui prend naissance dans des situations quotidiennes, avec un réel qui s'échappe au fil de l'eau et qui peut nous emmener loin, très loin, jusqu’aux rivages de l'Amour.
Le personnage d'Agathe, comme celui de Lulu (dans Lulu, femme nue) a soif de liberté, d'indépendance. Ce désir brûlant va séduire Samir, lui le grutier perché, lunaire, sorti de nulle part.
Il part à la pêche au poisson doré mais son entourloupe va finir pas se savoir, déchaînant l’éloignement de sa promise.
Seule une amnésie non feinte, le rendant d'autant plus fragile et attachant saura la ramener à lui.
Des personnages secondaires hauts en couleurs gravitent autour de ce duo, tous plus improbables les uns que les autres, amenant une fantaisie et des scènes hautement cocasses.
Il faut commencer par Rebout, le directeur de la piscine, loufoque et son acolyte aux cheveux longs et au phrasé inimitable qui nous fait sourire dès l'ouverture du film.
La maître nageuse nympho est pas mal non plus dans son genre de saute au paf insistante, méga lourde.
Elle initiera Samir aux sauts de grenouille et au gestes de sumo dans le petit bain.
Il ne faut pas oublier les islandais. là encore un duo irrésistible, qui s'alternent au pouvoir un jour sur deux (nous devrions nous en inspirer pour notre propre démocratie). Entre une Anna, perpétuellement excitée, à l'air polichinelle avec son bonnet vissé sur le tête et son confrère aux cheveux longs, très stylé, Agathe est bien entouré.
Quel plus beau milieu que l'eau pour filmer le rapprochement des corps, en une sorte de danse aquatique, faite de sauts, plongées, contre-plongées, glouglous, regards sous-marins ....
J'ai trouvé cette scène hors du temps, très esthétique, poétique. Samir a comme des larmes sous l'eau, associé à un regard hypnotique. Le corps d'Agathe, observé à son insu, l’ensorcelle, l'absorbe littéralement.
Une autre scène que j'ai particulièrement remarqué est celle du discours de Samir au congrès international des maîtres nageurs. Il laisse Agathe bouche bée. Quel talent; il a relevé le défi avec brio, étonné lui même de sa propre prestation.
Samir semble en effet toujours en apesanteur, vivant les choses comme elles viennent, même son amnésie qui pourrait en paniquer plus d'un. Finalement, ce ravi de la crèche est plus perspicace que l'image qu'il donne et en matière d'Amour, il arrivera à ses fins.