Deuxième Palme d'Or des frères Dardenne, L'enfant a tout du film social mais dans lequel se cache un thriller étouffant. Un jeune couple, ayant eu un bébé, a du mal à joindre les deux bouts, l'essentiel étant les allocations que perçoit la jeune femme. Tandis que son copain vit de larcins et de trafics, jusqu'à ce qu'il commette un geste fou pour permettre de subsister...


Le film est porté par un Jérémie Rénier que je trouve fantastique ; il a en lui l'ignorance des jeunes, et l'immaturité des adolescents, en ne sachant clairement pas quoi faire de cet enfant, car tout ce qu'il souhaite au fond, c'est vivre avec sa copine, jouée par la révélation Déborah François. Laquelle doit porter les charges du couple à elle seule, mais aussi de gérer son enfant, dont on voit clairement qu'elle ne sait pas s'en occuper, mais aussi des vols que fait son mec pour se payer à manger.


Tout ceci jusqu'à ce que le personnage de Rénier commette un acte fou, pour avoir 5000 € d'un seul coup, qui va plonger le film dans une autre dimension, quelque chose du niveau de l'horreur pour des parents normalement constitués. Toute la quête du jeune homme tourne autour de la survie, de grappiller quelques sous de plus pour manger, jusqu'à un final tétanisant (où apparait un excellent acteur, le jeune Jérémie Segard), et un dernier plan magnifique, qui sonne comme une libération.
La première partie plante le décor, en termes de misère pour ces jeunes, et plus on avance, plus la suite bascule dans le thriller où le personnage de Rénier qui est présenté comme quelqu'un d'immature, dépensant les quelques pièces qu'il gratte pour des choses futiles ; pour faire plaisir à sa copine, il va lui acheter le même blouson qu'il porte, qui coute très cher, et dès que les ennuis arrivent, il va le revendre pour 1 euro !


Il a de quoi passer pour un connard, irrécupérable, car il ne semble jamais ne vouloir se remettre en question sur ses gamineries en se comportant comme un homme, mais plus ça va, plus il s'enfonce, jusqu'à devenir pathétique, comme les retrouvailles avec Déborah François, glaciales au possible.
Jérémie Rénier fait passer dans son personnage une richesse souvent incroyable, et lui donne peut-être une porte de sortie.


On retrouve dans L'enfant les passages obligés des frères Dardenne, à savoir la présence (très brève) d'Olivier Gourmet en inspecteur, la réalisation qui filme au plus près les personnages, l'absence totale de musique et le ciel gris qui semble être commun aux films belges.
Mais j'ai été saisi par cette puissance de la narration, qui bascule peu à peu vers quelque chose de la survie, un aspect thriller dans le monde réel qui m'a scotché. Et quel acteur que ce Jérémie Rénier !

Boubakar
9
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Mes films du mois.

Créée

le 1 oct. 2017

Critique lue 309 fois

2 j'aime

Boubakar

Écrit par

Critique lue 309 fois

2

D'autres avis sur L'Enfant

L'Enfant
AnneSchneider
9

De l'enfant au père...

Les frères Dardenne affectionnent les titres qui ne révèlent pas immédiatement un contenu, préservent un mystère : "La Promesse" (1996), "Le Silence de Lorna" (2008), "Deux jours, une nuit" (2014).....

le 17 juil. 2017

13 j'aime

L'Enfant
Elsa_la_Cinéphile
9

La petite frappe qui ne pouvait pas être papa

Un Dardenne de plus que je me paye de luxe de revoir. Quel choc une fois de plus ! C'est qu'ils savent le remuer le poignard les deux frangins ! Mais subtilement, pas comme des fous. Ils prennent le...

le 26 sept. 2016

9 j'aime

4

L'Enfant
Plume231
1

Les Dardenne détestent les pauvres !!!

Décidément les frères Dardenne ne sont absolument pas pour moi. Ils nous disent que les pauvres ne connaissent pas le préservatif, ne connaissent pas la pilule, ne connaissent pas non plus l'IVG,...

le 22 mai 2014

7 j'aime

6

Du même critique

Massacre à la tronçonneuse
Boubakar
3

On tronçonne tout...

(Près de) cinquante ans après les évènements du premier Massacre à la tronçonneuse, des jeunes influenceurs reviennent dans la petite ville du Texas qui est désormais considérée comme fantôme afin de...

le 18 févr. 2022

44 j'aime

Total recall
Boubakar
7

Arnold Strong.

Longtemps attendues, les mémoires de Arnold Schwarzenegger laissent au bout du compte un sentiment mitigé. Sa vie nous est narrée, de son enfance dans un village modeste en Autriche, en passant par...

le 11 nov. 2012

44 j'aime

3

Dragon Ball Z : Battle of Gods
Boubakar
3

God save Goku.

Ce nouveau film est situé après la victoire contre Majin Buu, et peu avant la naissance de Pan (la précision a son importance), et met en scène le dieu de la destruction, Bils (proche de bière, en...

le 15 sept. 2013

42 j'aime

9