L'histoire vraie d'Edgardo Mortara, un enfant juif de Bologne, baptisé en cachette par sa servante. A l'âge de 6 ans, il est enlevé par les autorités pontificales, qui le considèrent comme catholique et le font éduquer selon leur doctrine.
Il aurait été facile de sombrer dans l'académisme, ou dans le pamphlet facile anti-religieux. Heureusement ce n'est pas du tout le cas. Marco Bellocchio traite son sujet avec subtilité... et pessimisme.
Peu de gens sont vraiment reluisants dans ce récit, si ce n'est peut-être les parents désespérés du jeune garçon. La communauté juive voit dans cette histoire l'occasion de servir ses intérêts (ou tout au moins de ne pas les dégrader davantage). Les royalistes l'exploitent pour faire renverser l'autorité du pape. Tandis que celui-ci se terre dans sa position religieuse et prétendûment sacrée pour ne pas voir la réalité en face.
Même le pauvre Edgardo est présenté en nuances. Balancé entre sa volonté de suivre avec zèle la démarche qu'on lui impose pour en sortir au plus vite, et ses tentatives de garder ses origines juives. Mais il deviendra finalement presque secondaire, dans un récit qui privilégie la géopolitique. Ce qui n'est pas pour me déplaire, d'autant que les thématiques sont passionnantes.
A ce niveau, Marco Bellocchio et Paolo Pierobon ont du s'amuser à représenter Pie IX de cette manière ! Un pape conservateur, peu à peu isolé, en proie à des cauchemars et du déni.
Je reprocherai quelques fonds verts et plans numériques voyants qui visent à reconstituer les Bologne et Rome du 19ème siècle. Mais c'est du pinaillage, globalement les décors sont réussis, et la mise en scène sombre fonctionne bien. Notamment avec cette BO assez intense.
Un drame fort.