Film mineur dans l’œuvre d’Eastwood, L’Épreuve de force se réduit quasiment à un simple film d’action typique des années 70. Le scénario n’étant pas très épais (des méchants – issus de la Mafia et de la police – veulent se débarrasser d’une prostituée qui doit témoigner contre eux mais aussi du policier qui l’accompagne), seule l’action demeure. Le policier en question n’est pas un fin limier, c’est un inspecteur qui veut juste mener à bien sa mission. Si on est loin de Harry, ce n’est pas non plus tout à fait un anti-Harry comme on le peut lire ici ou là. Certes, il n’est pas aussi malin, mais il lui arrive d’être parfois tout autant caustique et peu de choses peuvent l’arrêter.
Il n’est donc pas privé de répliques bien senties, et le début du film donne l’illusion d’un Harry bis qui picole juste un peu trop. A ses côtés, Sondra Locke n’est pas muette non plus et a droit à quelques bons mots et, surtout, c’est elle le cerveau pour sortir de ce pétrin. La bluette qui naît entre les deux est quelque peu inévitable et donne une tonalité moins savoureuse entre les deux personnages au fil du film. Dans ce road-movie entre Las Vegas et Phoenix, les scènes de fusillades s’enchaînent de façon grossière (une maison plombée qui tombe en ruine, un bus transpercé comme une passoire, une voiture désossée, un hélicoptère désintégré, etc.) et on sent bien poindre le second degré. A partir de ce film, la présence de Sondra Locke dans les films d’Eastwood (Le retour de l’Inspecteur Harry excepté) est un gage de plus de légèreté.
On pourra reprocher à ce film son manque d’épaisseur, sa paresse dans les péripéties et une certaine mollesse d’ensemble. Les personnages ne sont pas suffisamment bien dessinés et certaines séquences volontairement outrancières frisent le ridicule. La fameuse ultime séquence notamment avec le bus où les flics tirent bêtement tous dessus s’emboitent assez mal avec la scène finale où ils restent de marbre pendant l’explication tant attendue avec leur chef et les prétendus méchants (cela en devient complètement incohérent). Une explication très décevante qui paraît expédiée et qui finit par être totalement absurde. L’illustration que l’histoire n’avait ici aucun intérêt, ce qui n’est jamais bon signe même lorsqu’on s’appelle Eastwood et qu’on veut réaliser un film d’action.