L’Étoile du Silence est un film de science-fiction allemand et polonais réalisé par Kurt Maetzig en 1959. Il a pour lui, retenez bien ça, d’être le premier film de science-fiction est-allemand, puisque, vous le savez, l’Allemagne est divisée en deux jusqu’en 1989, avec un message humaniste et pacifiste, ce qui lui valut un énorme succès en RDA (République Démocratique Allemande) et séduisit même les occidentaux.
Également connu sous les noms First Spaceship on Venus, Planet of the Dead, Silent Star ou encore Spaceship Venus Does Not Reply, le film a connu plusieurs versions plus ou moins tronquées pour correspondre à différentes idéologies inhérentes à la Guerre froide.
Mais en France, on est chanceux puisque, il n'y a pas si longtemps, L’Étoile du Silence est passé sur Arte dans sa version originale multilingues. J'ai personnellement travaillé à partir de la version française, pour écrire cette critique, qui, rassurez-vous, n’est pas tronquée du tout.
Avant d'attaquer le gras du film, quelques mots sur Kurt Maetzig. Né à Berlin en 1911 et mort à Bollewick en 2012, c'est est un réalisateur allemand qui a marqué de manière significative le cinéma en RDA, en particulier dans ses aspects de propagande. En effet, juste après la Seconde Guerre mondiale, il a participé à la fondation et à la direction de la DEFA, une très grande société de production audiovisuelle russe qui a produit jusqu’à sa fermeture dans les années 1990 environ 700 longs-métrages, 750 films d'animation, 2 250 documentaires et courts-métrages puis a redoublé environ 8 000 films pour le public soviétique.
Ce qu’il y a de notable dans la carrière du monsieur, revenons à lui, c’est qu’il a réalisé le premier film est-allemand sélectionné au festival de Cannes en 1949 : Les Quadrilles multicolores. Par conséquent, avec L’Étoile du Silence sorti en 1960, il n’en est pas à sa première révolution.
Le scénario de L’Étoile du Silence est des plus simples. En 1970, un morceau de roche inconnu est découvert dans le désert de Gobi. Attirant des scientifiques du monde entier, le bloc se révèle rapidement être un artefact provenant de Vénus et renfermant une bande magnétique. Son arrivée sur Terrer aurait un rapport avec un événement datant de 1908 : la chute du météore de la Toungouska, qui a engendré une déflagration 100 fois supérieure à celle de la bombe d’Hiroshima.
Pour en apprendre d'avantage, est alors organisée une vaste expédition visant à rejoindre Vénus. Un équipage hétéroclite prend place à bord du Kosmokrator, un vaisseau spatial soviétique de dernière technologie.
L'objectif des astronautes n'est pas de conquérir l’espace mais bel et bien de découvrir d'autres planètes, d'autres civilisations. Mais durant le voyage ils iront de désillusions en désillusions.
Si des films comme L’Étoile du Silence sont légions à cette époque, ce dernier n’en reste pas moins une excellente surprise, du moins en Allemagne. En effet, la précédente production SF d'Allemagne de l'est remontait à 1929 avec le film muet de Fritz Lang : Une femme sur la lune ; Fritz Lang, le réalisateur du célèbre Metropolis. Kurt Maetzig a remis la science-fiction sur le devant de la scène en Allemagne et il a compris qu'elle était un genre très riche et très intelligent pour peu qu’on y mette des choses biens.
Que ce soit par l’exploitation du Googie, style architectural originaire de la Californie des années 40 et puisant son inspiration dans l’âge atomique et la conquête spatiale, ou par l’expérimentation d’effets plastiques et spéciaux qui n’ont pas à rougir en comparaison des productions américaines de la même époque (à part peut-être certaines accélérations de l’image tout à fait horripilantes ou à mourir de rire selon le point de vue), Maetzig prouve qu’il n’a pas lésiné sur la forme. Mais alors qu’en est-il du fond, me demanderez-vous ? Car c’est important, le fond, dans un film de propagande ! Propagande positive, bien sûr.
L’Étoile du Silence bénéficie d'une écriture surpositive ce qui prête souvent à sourir : les situations sont loufoques, les acteurs surjouent, le message profond du film est parfaitement démagogique... pourtant, le film n'est pas ridicule. Son sujet principal est la mise en garde de l'humanité contre la menace nucléaire, soit la sauvegarde de l'humanité, si vous préférez. Bon nombre de métaphores appuient cette affirmation comme des parties d'échecs silencieuses à bord du vaisseau pour symboliser le concept même de Guerre froide ou encore la multiculturalité de l'équipage qui critique le racisme hérité du précédent conflit mondial.
Si les thématiques inhérentes à l'après-Seconde Guerre mondiale vous intéressent, je ne peux que vous recommander chaudement le visionnage de L'Étoile du Silence. Il sait prendre du recul sur ce qu'il traite, avec humour, parfois, mais aussi avec amour. Amour du cinéma. Amour de la Terre. Amour de l'humanité.
Regardez la vidéo dont cette critique est tirée !