S'il y a une coutume qui a toujours été sympa au Far West, c'est le lynchage. Convivial, festif, un grand moment de communion entre voisins. Après diront les pisse-froid, il y a des dommages collatéraux. Trois ici en l'occurrence. Dont Dana Andrews (les cheveux ébouriffé lui ajoutent un grain de folie bienvenue) et Anthony Quinn en beau Mexicain ténébreux à la noblesse altière.
A priori, Wellman ne goutte guère ce genre de pratique. En effet, il fait le choix de l'erreur judiciaire (judiciaire n'est pas franchement le mot adéquat, OK j'avoue...). Et là, c'est plutôt malin, c'est pas tous les jours qu'on tue trois innocents à Hollywood.
La psychologie des personnages est plus poussée qu'à l'accoutumée. D'ailleurs, ce n'est pas un hasard si d'aucuns estiment que l'Etrange Incident est le premier western dit psychologique.
J'aime particulièrement le rôle de Henry Fonda. Déjà, il est sale et un peu dégénéré sur les bords (ce qui est très surprenant chez lui, et donc rafraîchissant). Et vu la réputation de l'acteur, sa présence en gros au générique et la première scène qui lui fait la part belle, on s'attend à héros classique. Que nenni.
Sa présence s'efface progressivement, jusqu'à se diluer dans la horde anonyme de bouseux du cru en chasse des supposés meurtriers d'un éleveur de bétail. Et cela même si Fonda a le dernier mot et le dernier plan, et qu'il est un des sept (sur une trentaine) à s'opposer à la pendaison sommaire.
Le tout dans un beau noir et blanc, et surtout en 1 h 12, un temps resserré qui fait donne au spectateur l'impression de vivre en direct le lynchage (choupi chouette).
Un western atypique que j'ai du mal à caser dans une de mes 70 listes dévolues au genre. Ça m'énerve et ça me réjouit tout autant.
William Wellman, je t'aime.
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