Depuis des années que l'on reproche au cinéma français de ne pas se frotter à la scène politique, voici qu'en 2011 on a coup sur coup la conquête, Pater, et maintenant l'Exercice de l'état, chacun abordant la politique par un biais différent.
Pierre Schoeller construit sur une base classique (un homme politique obligé de renoncer à ses idées et ses principes pour avancer dans les cercles du pouvoir), un film intéressant et complexe (bien plus que, pour citer un exemple sorti la même semaine, les marches du pouvoir). Les personnages de Schoeller sont glissants et difficiles à cerner (vous êtes flou, dira d'ailleurs la chargé de com). Bravo aux excellents acteurs pour incarner toutes les subtilités et ambivalences de personnages. Beaucoup de sujets sont abordés dans le film: la fascination du pouvoir (étonnante séquence onirique du début du film), la volonté à la fois sincère et arrogante d'incarner un idéal (magnifique scène de enterrement), les magouilles pour les mandats électifs, le fossé infranchissable d'incompréhension avec les gens 'du peuple', la solitude du pouvoir, et malgré tous les calculs et les négociations le hasard qui peut faire basculer un avenir en quelques secondes.
Dans les défauts, on reprochera surtout des musiques plutôt mal choisies.