D'avoir revu l'autre jour "Shane" avec le beau rôle joué par Jean Arthur, m'a redonné envie de voir un Capra avec elle et pourquoi pas "l'extravagant Mr Deeds"...
D'abord, ce film doit être remis dans un contexte politique particulier américain. En 1934, Roosevelt lance le New Deal, après les années de Grande Dépression. Il est fortement critiqué par une partie de l'électorat américain et Capra, avec ses petits bras, vient à la rescousse pour soutenir le programme du Président.
Le film doit être remis dans le contexte mais il faut bien avouer que ce type de démarche pourrait être bien valable dans d'autres pays, à d'autres époques.
Ici, un jeune homme musicien et poète vit heureux dans sa petite ville du Middle West où il est une petite célébrité. Soudainement, il se voit hériter d'une colossale fortune dont, à la limite, il n'a que faire.
Arrivé à New York pour gérer son héritage, son absence de malice et sa confiance inébranlable dans l'honnêteté d'autrui le transforment en un objet ridicule et risible. Mais lorsqu'il décide d'aider des fermiers à reprendre pied après la Crise et donc de distribuer sa fortune, il est carrément pris pour fou notamment par les banquiers gestionnaires de l'argent qui tentent un procès pour aliénation.
C'est du Capra ! On sait d'avance, sans être accusé de spoiler, que la lutte sera rude mais que les valeurs fraternité et solidarité finiront, évidemment, par triompher ...
Le film vaut pour son casting de choix.
Longfellow Deeds est interprété par Gary Cooper de façon magistrale. Car le personnage est peut-être candide et un peu trop confiant, il n'empêche qu'on ne lui fait pas avaler des couleuvres. Témoin la superbe scène du conseil d'administration de l'opéra qui tente de le rouler après l'avoir bassement flatté en le nommant président.
Le personnage est beau (au sens propre comme figuré !!!) car est capable de dégager une grande empathie. Il est lucide quand il comprend que l'avocat qui défend les intérêts d'un autre membre de la famille du défunt n'est qu'un escroc.
D'ailleurs, ça fait partie du montage - génial - du film que d'avoir bien montré que le personnage de Mr Deeds était peut-être trop confiant et un peu candide mais certainement pas bête. Quand arrive l'heure du procès, le spectateur qui sait tout ça, n'attend avec impatience qu'une seule chose, c'est qu'il se rebiffe. Quand ça finit par arriver, le cœur du spectateur est sur le point d'exploser.
Le deuxième grand personnage du film est bien sûr Louise Benett (ex Mary Dawson) magnifiquement interprétée par Jean Arthur. Le personnage est une journaliste - citadine dans l'âme - dont la mission est de marquer à la culotte ce nouveau riche sorti de sa cambrousse. Et puis, et puis, les choses changeront ... Même chez les journalistes, on n'est pas à l'abri des miracles.
Un autre personnage que j'aime beaucoup dans ce film, c'est le personnage de Cobb qui est en quelque sorte l'adjoint (ou le mouchard) un peu bourru, très brut de décoffrage, que les banquiers associent à Deeds. Il est interprété par un très bon Lionel Stander. Alors qu'au début, il prend Deeds pour un sacré neuneu, l'affaire du conseil d'administration de l'opéra lui ouvre les yeux et il devient alors un fervent défenseur et conseiller de Deeds.
Nota : il est doublé dans la Vf par un excellent Balutin ...
Très bon film de Capra, efficace avec sa petite dose - bien agréable - d'émotion.
Je lui attribue provisoirement une note à 9 susceptible d'évoluer légèrement lorsque j'aurais constitué ma liste des films de Capra avec leurs critiques et que je rééquilibrerai les évaluations.