L'histoire d'Abou Sangare n'est pas tout à faire celle de Souleymane, mais elle lui ressemble pour une grande part et son interprétation, à fleur de peau, respire la plus pure'authenticité. Au même titre d'ailleurs que le scénario du film de Boris Lojkine, qui a parfois des allures de documentaire vibrant, resserré dans le temps et dans la précision des situations de précarité. Impossible de ne pas trembler pour Souleymane, clandestin à Paris, venu de Guinée, livreur qui sillonne les rues de Paris, au milieu du chaos de la circulation, parfaitement invisible aux citoyens en règle. Le danger est présent partout et la pression insoutenable, avec de prétendus amis qui ne pensent qu'à soutirer de l'argent. L'enjeu pour Souleymane est connu depuis le début du long-métrage : réussir un examen qui peut lui permettre d'obtenir le droit d'asile. Tout est violence dans le récit, autour d'un homme qui se bat et dont le film dresse le portrait avec un haut degré d'humanité mais sans pour autant faire de son personnage un héros exemplaire. Toute la structure narrative est construite dans l'attente de l'entretien décisif de Souleymane et les dernières minutes de L'histoire de Souleymane ne déçoivent pas, tendues au possible, et source d'une émotion longtemps contenue.