On a l’habitude de les croiser à l’entrée des restaurants ou bien de les suivre sur nos smartphones. Boris Lojkine a décidé de les porter sur le grand écran pour leur rendre hommage. Ces hommes de l’ombre et leur précarité sont au cœur de ce film au plus proche de la réalité du terrain parisien.
Avec Souleymane pour personnage principal, énième immigré à venir chercher une vie meilleure sous d’autres latitudes. Le film dépeint la vie chaotique de ces travailleurs acharnés souvent malmenés par des personnes malhonnêtes, qui les exploitent sans merci en raison de leur statut d’illégal.
Une œuvre brute de décoffrage filmée au plus près du quotidien de ces livreurs à vélo. Voués à arpenter les rues de la capitale qu’il vente, qu’il pleuve. Le tout pour une bouchée de pain sans même la garantie d’un toit pour la nuit.
Les caméras embarquées nous brinquebalent d’une avenue à une autre aux sons des bus et des klaxons incessants. Le réalisateur a pris le parti de ne pas employer de musique pour accrocher le spectateur sans dévier du réel.
On découvre alors l’entraide mais aussi les combines et les jalousies qui jalonnent le parcours de chacun de ces nouveaux venus. On devient petit à petit un étranger dans cette réalité secondaire souvent dissimulée.
Véritable plaidoyer humaniste, cette immersion devrait permettre à certains spectateurs de développer un regard différent sur ces nomades pressés par le temps.