Pour sa quatrième collaboration avec Fernandel (il y en aura même une cinquième), Julien Duvivier décide d'adapter une nouvelle de James Hadley Chase, en collaboration avec son scénariste René Barjavel.
Du beau monde donc à l'origine de cette sympathique comédie policière, à la mécanique bien huilée, qui ne s'inscrit toutefois pas parmi les plus belles réussites de Duvivier.
En effet, le réalisateur s'efforce de faire cohabiter des éléments de film noir et de comédie, avec une certaine réussite, mais parfois ces deux intentions opposées semblent nuire à la dynamique générale.
Par exemple, la sensation de malaise ou de peur lors de certaines séquences se voit désamorcée par l'humour.
De même, Duvivier est obligé par moment d'aller à l'encontre de la psychologie la plus élémentaire (sur la fin surtout), pour favoriser le rire et permettre certains rebondissements improbables.
On passe néanmoins un bon moment, grâce notamment à des personnages gratinés, à commencer par celui joué par un Bernard Blier barbu, petit maître chanteur fourbe et onctueux, affublé d'un pardessus élimé et d'un minuscule roquet.
Blier vole clairement la vedette à Fernandel, pourtant convaincant, mais dans un rôle plus convenu, celui du naïf malchanceux, tyrannisé par sa femme absente.
Parmi les nombreux seconds rôles, on signalera la prestation de Jacques Duby à contre-emploi, tandis que le casting féminin repose sur Claude Sylvain, Armande Navarre et Judith Magre.
On pourra donc parler de film très mineur pour Duvivier, même si "L'homme à l'imperméable" serait une réussite pour beaucoup d'autres. Le sens de l'observation volontiers cruel du bonhomme se fait ressentir dans certains détails, mais l'ensemble se veut plutôt léger et optimiste, dans l'esprit d'un divertissement du samedi soir à l'époque.