J’ai trouvé ce film dans de nombreuses listes regroupant les chefs-d’œuvre du cinéma, et notamment dans le genre documentaire. Mais après l’avoir vu, je ne le classerais pas dans cette catégorie malgré sa dimension informative, notamment sur sa description de la société soviétique, car le film est davantage une œuvre expérimentale, un terrain de jeu pour Dziga Vertov, qui semble vouloir fourrer dans cette production toutes ses trouvailles, même si elles ne s'harmonisent jamais entre elles.
Le film ne m’a pas passionné, j’ai seulement été intéressé par son audace visuelle, et surtout son rythme. J’ai trouvé le temps long, vraiment long (d’autant plus que je venais de me taper par erreur un autre film de Vertov, affreusement similaire: «Kino-Glaz »).
Si sa mise en abyme est novatrice, ainsi que le fait que le cameraman soit un acteur comme les autres, cela n’a pas suffi pour me passionner. Je dois dire que je ne suis pas spécialement friand des œuvres expérimentales, elles me paraissent souvent absurdes et sans intentions (ce qui bien sûr n’est pas le cas ici), mais le réalisateur semble tout de même tourner son film sans savoir où il le mènera, comme si le résultat n'était pas une finalité pour lui. Effectivement, ce peut être une expérience amusante pour le réalisateur, mais pour moi, qui suis spectateur, cela me procure surtout un sentiment de désordre.
Je me suis demandé si ça valait le coup de donner mon avis sur ce film lorsque j'ai aperçu que tout le monde l'encensait. Ne risquerais-je pas de me faire matraquer? Peut-être pas, le public de cinéphile est sans doute plus tempéré et tolérant que les fans de manga qui m'ont sauté au cou pour ma mauvaise critique de "Full Metal Alchimist". Je me suis dit: après tout, j'ai beaucoup aimé d'autres oeuvres cultes du cinéma muet, et j'ai le droit de ne pas aimer un film expérimental, particulièrement exigeant. Ça ne fait pas de moi un idiot ou un inculte, seulement quelqu'un qui a des prédestinations pour les films à histoire. D'ailleurs, je n’irais pas m’écrier qu’une œuvre est géniale juste parcequ'il est de bon ton de dire qu’on apprécie « L’Homme à la caméra ». Tant pis, le film n'a pas pris sur moi, je ne l'aime pas, d'ailleurs, je crois, pour avoir vu deux de ces films, que je n'aime pas la vision du cinéma qu'a Dziga Vertov, à cause certainement de son manque d’intentions, non pas pour la façon épuré qu'il a de nous proposer son art. J’ai le sentiment que le réalisateur a pris sa caméra, et qu’il s’est dit : « voyons voir autour de moi ce qui pourrait faire un bon plan ». Certes, c’est parfois très joli, parfois très bien senti, mais affreusement ennuyeux et inutile.
Alors je ferais la même conclusion que pour « Kino-Glaz : l’intention du réalisateur m’a touché, le fait qu’il cherche à sublimer le langage du cinéma en usant de ce seul moyen (sans textes, sans théâtre, sans fiction…), et qu'il essaie d'inventer un genre nouveau est tout à son honneur, clairement il s'agit d'un talentueux cinéaste, mais je n'y suis pas sensible. En ce qui concerne la forme et le fond, ils sont vraiment audacieux, oui je reconnais toutes les qualités techniques de cet objet de curiosité. Mais je n’ai pas été diverti, pas ému non plus, bien au contraire. Le film m'a donné un sentiment de vide, comme un vieil album de famille qui nous est inconnu, un patchwork de chute de pellicule, retrouvé ici et là, sans rapport les uns avec les autres. L'audace et la technique ne suffisent pas pour combler 80 minutes de film, selon moi, pas sous cette forme là en tout cas.