Western vu il y a très longtemps (peut-être à la dernière séance) et que je viens de trouver en DVD …
Un Boetticher avec Randolph Scott sur un scénario de Burt Kennedy, qui fait partie de la bande des fameux sept films, ça ne se refuse pas … même s'il ne dure que 78 minutes.
Mais ces 78 minutes sont fort bien employées pour développer avec une certaine rigueur divers personnages avant de les plonger dans une aventure imprévue et très dense. L'histoire est linéaire : pas de flash-back sur une histoire passée qui appellerait une classique vengeance. Non, ici, les protagonistes menaient tranquillement leur vie et sont soudain pris dans un engrenage d'évènements dont il leur faudra sortir d'une façon ou une autre.
Randolph Scott joue le rôle d'un éleveur qui mène une vie tranquille dans un petit ranch. Un jour, il s'en va pour acquérir un taureau chez son ancien employeur. Mais, à la suite d'un pari hasardeux, il perd son cheval et le taureau… Puis rentrant à pied, il est pris par une diligence qui sera attaquée par des bandits et sera fait prisonnier : franchement, il y a des jours "sans" où on devrait rester couché.
Dans la diligence, il y a un couple de (jeunes) mariés : le mari ne s'est marié que parce que la dot était confortable. C'est pas un cow-boy, c'est un expert-comptable qui est élégamment habillé. Mais sur son front, c'est écrit "cupide".
La femme, Maureen O'Sullivan, cache un bon cœur derrière un look un peu ingrat, "justifiant" ce mariage de convention.
Le conducteur de la diligence (Arthur Hunnicut) est, comme il se doit, un vieux charretier truculent qui mène sa course comme il l'entend. Mais c'est surtout un vieux copain de Randolph Scott : c'est en le voyant à pied sur la route qu'il arrête la diligence pour l'embarquer au grand dam du passager qui avait loué la diligence pour sa femme et lui.
On le voit, à travers ma petite présentation, on est dans la vie ordinaire avec des gens ordinaires qui ont des préoccupations ordinaires (enfin presque). Rien ne laisse prévoir la suite.
Brusquement, le western change de tonalité, bascule dans un monde de violence avec des bandits (Richard Boone et deux acolytes - très – méchants). Finies, les petites préoccupations ordinaires, il faut maintenant survivre. Et ce n'est pas gagné car les bandits ont la gâchette plutôt facile et de plus, aiment tuer.
Pour éviter de spoiler, je dirai seulement que la lutte menée par Randolph Scott (on se doute bien qu'il ne va pas nous abandonner au milieu du film !) s'inspirera du principe du célèbre combat du Horace survivant et affaibli face aux trois Curiaces (dans la Rome antique) …
Le scénario est pimenté d'un portrait intéressant du chef des bandits (Richard Boone) dont la personnalité est un peu plus complexe. Grosso modo, c'est l'image du Randolph Scott qui aurait mal tourné. Le personnage est en opposition avec un de ses acolytes, Henry Silva, dont la chemise rose accentue un physique dur et sardonique.
Mais c'est le personnage de Maureen O'Sullivan qui est surprenant. On trouve ici une actrice dans un inhabituel rôle plutôt introverti et désemparé que le scénario fera intelligemment évoluer pour prendre un peu plus d'ascendant.
La mise en scène est d'autant plus méritoire qu'on sent la faiblesse des moyens mis en place. Les cadrages et la photographie sont simples mais très réussis. dans des décors désertiques ou des plaines immenses.
Le titre ? Ah le titre, bien mystérieux, semblerait, si j'ai bien compris, être le nom de la propriété où Randolph Scott voulait acquérir son taureau. Pourquoi pas !
Beau western dense, sombre, sobre, au titre mystérieux, bien conduit et bien interprété.