Il ne faut pas se fier à l'impression que l'on pourrait avoir à la lecture du titre de ce film dano-belgo-slovéno-croato-macédono-bosnien (même si, je le précise, il a une raison d'être que je ne vais pas spoiler !). Ah oui, c'est la traduction exacte du nom original de ce long-métrage (merci, Google Traduction !). En effet, ce n'est pas de la joie que vous allez ressentir lors de ce huis-clos tendu comme une corde raide.
L'intrigue se déroule à Sarajevo, de nos jours. Tout est normal dans le plus normal des mondes, d'autant plus que l'on suit une quadragénaire célibataire, Asja, qui veut trouver le grand amour lors d'une sorte de speed-dating, organisé dans un hôtel, au cours duquel elle sera face à un homme, Zoran, d'à peu près le même âge, avec lequel elle a déjà discuté sur Internet...
Je vais vous en balancer le moins possible, en étant parfois assez vague pour pouvoir vous laisser découvrir cette œuvre valant le détour. Évidemment, tout commence sous la légèreté, la bonne humeur, mais, d'un coup sec, au détour d'une simple réponse, l'ambiance devient tout autre et derrière ces apparences normales vont se révéler des traumatismes profonds, que beaucoup aurait voulu qu'ils restent enfouis à jamais.
Ben oui, on est en Bosnie-Herzégovine et la plupart de ses habitants ont subi les atrocités de la guerre touchant directement les civils, y compris notre personnage principal. Seuls les jeunes, parce qu'ils ne les ont pas connues, peuvent vivre leur existence sans être alourdis par cette pesanteur insupportable. Ce que révèlent deux scènes, à savoir une séquence d'hystérie de groupe, lors de laquelle tout remonte brutalement à la surface (oh non, la protagoniste n'est pas la seule !), et une fête avec des mineurs baignant dans la joyeuseté, avec l'esprit le plus insouciant qui soit.
L'atmosphère est malaisante, anxiogène. Il n'y avait même pas besoin que la réalisatrice et scénariste Teona Strugar Mitevska nous sorte quelques petits et rares flashbacks contenant de la violence graphique, car la puissance de la parole et celle du jeu des comédiens (vraiment excellents !) suffisaient largement.
L'Homme le plus heureux du monde, un des films les moins guillerets du monde, expose à la manière d'un uppercut, aussi bien sur un plan intimiste que collectif, tout le poids refoulé de l'horreur.