Un conte mélancolique, Victor Hugo oblige, qui se savoure tant pour ses costumes resplendissants que ses acteurs talentueux. Si vous pensez à Tim Burton en le voyant, cela est tout à fait normal car il y a une influence certaine de ce réalisateur sur le film de Jean-Pierre Ameris, que cela soit les décors sinistres et grotesques à la fois, la mise en scène poétique (l'antihéros qu'incarne avec brio Grondin pourra rappeler le personnage Edward aux Mains d'argent...) et la musique surtout s'inspire grandement de la composition de Danny Elfman sur ce même Edward : voyez la séquence des verres chantants qui en rappelle le thème principal. La fin tragique est bien connue des amateurs de Hugo, mais reste bien mise en scène. La tragédie fait souvent place à la poésie et aux morales bienpensantes défendues par un Depardieu à l'aise dans son rôle. Marc-André Grondin, moins connu, ne se laisse pas pour autant voler la vedette et construit son personnage mélancolique avec une certaine finesse, qui nous le font adorer immédiatement. Enfin la courte durée de ce conte triste l'empêche d'être redondant et donc l'ennui de s'installer. Si le film a des airs de lorgner fortement sur le travail d'un prédécesseur, le résultat n'en est pas moins très beau et poétique.