Je trouve les critiques envers The Film Maudit bien dures [je vous épargne l'historique des 25 dernières années, everybody knows] : certes il n'est pas parfait, bancal et bizarroïde, mais je ne m'y suis pas ennuyé. Loin de là.
Certes l'histoire part dans tous les sens : c'est du Terry Gilliam. L'homme se fait un peu vieux et certaines scènes ne sont pas exempt de défauts de mise en scène.
Le film compte aussi beaucoup (trop?) d'auto-citations, entre une histoire de tournage d'un film sur Don Quichotte qui vire à la catastrophe ; des images en noir & blanc de Jean Rochefort sur le vieux film étudiant du réalisateur fou, campé par Adam Driver ; le carton d'introduction du film "Et maintenant, après 25 ans de besogne et de foire d'empoigne" ; une petite pointe d'amertume lorsque le producteur du film en train de se tourner déclare qu'il va falloir stopper le tournage pour cause de pluie...
Mais le film joue avec son côté baroque espagnol, et sur sa petite touche complètement surréaliste. Il emporte le spectateur très loin dans un imaginaire chevaleresque moderne, entre moulins à vent et éoliennes.
Au final, L'Homme qui tua Don Quichotte est assez loin de l'oeuvre originelle de Cervantès. Et tant mieux ! Elle reprend l'univers de l'écrivain avec une belle dose d'inventivité.
Les acteurs, enfin et surtout, sont géniaux. Jonathan Pryce est formidable en vieux fou se prenant pour Don Quixotte de la Mancha ; folie qui se transmet à Adam Driver, encore plus perdu et hagard qu'à l'accoutumé. On regrettera néanmoins les personnages secondaires (notamment le richissime russe), très caricaturaux.
L'Homme qui tua Don Quichotte décevra ceux qui attendent un film à la hauteur de la légende qui l'entoure. Mais sans être un chef d'oeuvre, on passe tout de même un très bon moment divertissant devant le nouveau film de Gilliam.