Pendant des années, le "Don Quixote" de Terry Gilliam fut sans doute le projet inachevé et maudit le plus célèbre de l'histoire du cinéma, tant le réalisateur subit galères sur galères l'empêchant de boucler son œuvre. Après de multiples tentatives, l'une d'entre elles aboutit enfin, et ce malgré de nouveaux problèmes d'ordre légaux qui ont bloqué la sortie du film !
"The Man Who Killed Don Quixote" raconte ainsi l'histoire d'un jeune réalisateur arrogant, qui tourne un clip publicitaire en Espagne. En se promenant dans un village à proximité il fera la rencontre d'un vieil acteur avec qui il a travaillé dix ans plus tôt, et qui se prend pour Don Quichotte... Soyons francs, ce film ne révolutionnera ni la filmographie de Gilliam (dont il réintègre ici plusieurs éléments), ni le cinéma. Mais il demeure très appréciable, surtout par les temps qui courent, où le cinéma est de plus en plus formaté et consensuel.
On y apprécie des personnages barrés (Adam Driver et Jonathan Pryce forment un tandem absurde et attachant), une réalisation baroque de bel effet assez poétique, un humour noir, et un fond engagé. Le scénario critique en effet le monde cynique du cinéma et de la publicité, où l'argent prime sur la vraie créativité, mais rappelle également l'ironie de la situation des migrants, l'Espagne ayant été en partie maure par le passé... Pas mal de bonnes idées donc, pour un film qui a parfois tendance à faire du surplace ou à s'éparpiller, mais qui demeure intéressant, et pas seulement en tant que symbole de réussite.