Le duo Sean Connery en rêveur mystique et Michael Caine, pragmatique et sarcastique fonctionne à merveille sous la caméra du vétéran John Huston dans cette remarquable adaptation d’une histoire de Rudyard Kipling.
A la fois grand film d’aventure à l’ancienne, avec de splendides paysages magnifiquement restitués par l’utilisation du grand angle, des scènes de bataille à foison, le souffle épique de cette grande épopée humaine est également une intelligente réflexion sur les rêves de pouvoir et de grandeur de l’homme occidental en terre inconnue.
Mettant en avant les dérives de l’homme qui face à la naïveté et aux croyances primitives s’octroie la place des dieux, Huston magnifie ses personnages, à la fois grandiloquents et pachydermiques quand le pouvoir leur donne des ailes et si insignifiants – humains - quand le destin les rattrape et les rappelle à leur condition de simple mortel.
Filmé avec panache dans des paysages naturels montagneux de toute beauté, ce grand film renoue avec le grand souffle épique d’une œuvre comme Le Trésor De La Sierra Madre du même auteur. Les desseins des personnages sont d’ailleurs tout à fait similaires. Leur soif de richesse finit par causer leur perte.
En cinéaste baroudeur, John Huston emmène son duo d’acteur se confrontait à la rudesse des terres lointaines. Il a l’intelligence de recruté un casting fait de locaux ce qui rend d’autant plus remarquable l’interprétation du duo Connery/Caine, représentant extraordinairement deux aspects francs du colonialiste britannique, à la fois sarcastique et dévoué à la rigueur militaire.
L’aspect général du film donne une sorte de sentiment de légèreté et de détachement qui se délite au film de l’ampleur que la quête de ces deux rêveurs prend. Leurs illusions prennent vie et c’est alors que les deux personnages font apparaître leur vrai visage. L’un prend son rôle d’accessit à cœur et l’autre comprend qu’il est temps de prendre la poudre d’escampette. Le destin lui a déjà tranché leur sort.
A noter quelques références aux loges maçonniques avec symbolique à l’appui, un aspect assez surprenant qu’il aurait été intéressant de développer.