Guillaume Brac retrouve l’île de loisirs de Cergy-Pontoise. On peut parler en effet de retrouvailles puisqu'il s’en était déjà servi comme cadre pour le premier des deux sketchs constituant son film précédent, Contes de juillet. Sauf qu’ici, il le fait dans l’objectif d’un documentaire, composé de plusieurs tranchettes de vie.
Enfin un documentaire un peu mis en scène dans la direction de ses “acteurs” et “actrices” ainsi que dans ses historiettes, non ? Oui, j’ai eu l’impression que les différentes personnes filmées ignoraient un peu trop la présence de la caméra pour ne pas avoir ce sentiment. Je doute sincèrement que l’appareil ait juste été posé pour simplement enregistrer ce qui se passait sans la moindre intervention.
Bref, que ce soit cent pour cent naturel ou non, reste que, là encore, c’est une sensation de fraîcheur et de justesse qui règne dans cette œuvre du cinéaste, avec ses thématiques récurrentes, des gens simples comme vous et moi placés dans un cadre estival, des jeunes qui draguent avec plus ou moins de succès et qui font les cons, chacun et chacune cherchant sa petite dose de bonheur. C’est cela le trésor. Ce que met bien en exergue la citation de **Robert Louis Stevenson **affichée au tout début du long-métrage.
La caméra ne peut s’empêcher de s’attacher particulièrement à certains “personnages”. Cela peut être des gamins qui tentent de resquiller à deux reprises pour se faire prendre à chaque fois, une mère et sa fille arrivées bien avant l’ouverture qui s’occupent en caressant un chat pour passer le temps, des employés du parc qui parviennent à convaincre des vendeuses rambolitaines de Zara d’aller s’amuser avec eux dans l’enceinte de l’île après l’heure de fermeture ou encore des membres de la direction des lieux qui prennent des décisions.
Quelquefois, en voix-off, on peut entendre un de nos protagonistes lancer une anecdote sur sa vie ou sur ce qu’il pense du lieu de loisirs. Lorsque c’est un professeur à la retraite septuagénaire qui raconte sa rencontre avec une jeune de 20 ans lors d’un voyage en Croatie (attention, en tout bien tout honneur !) ou ses pensées sur ce qu’il pense être un “paradis terrestre” (c’est-à-dire notre île francilienne !), c’est raccord avec les sujets d’ensemble. Quand ce sont des réfugiés qui ont fini en France, soit en tant que salarié des lieux, soit en tant que client, on est dans le hors-sujet. C’est du contenu politique greffé sur un corps qui ne demande qu’à parler des petits bonheurs de la vie.
Oui, parce que c’est quand il parle des petites choses simples qui nous rendent heureux et quand il parle de la jeunesse, que Guillaume Brac est à son meilleur. Et comme la grande majorité de L’Île au trésor (oui, on ne peut pas choisir titre plus stevensonien !) évoque ces sujets, on peut dire que dans la majorité de ce film, Brac est à son meilleur.