Dans un Japon rétro-futuriste, l’arrivée d’une fulgurante grippe canine oblige le gouvernement à exiler tous les toutous sur une île-poubelle, afin de préserver la population. Les années passent. Un beau jour, le fils du maire débarque sur l’île aux Chiens, bien décidé à retrouver son fidèle compagnon…
Il aura fallu six ans à Wes Anderson pour effectuer le long et minutieux travail de stop-motion, et animer un à un ses attachants héros canins. Résistant aux sirènes de l’animation 3D lisse et pop, le réalisateur signe un film à la beauté bizarre, faussement négligée, étrangement émouvante. Une esthétique magnifiée par un travail particulièrement poussé sur la matière et les couleurs (la fourrure des animaux en particulier), et foisonnante de clins d’oeil au cinéma japonais.
Côté scénario, loin du film pour enfants, L’île aux chiens s’impose comme un des films les plus ouvertement politiques d’Anderson. Outre la thématique totalitaire, déjà présente dans The Grand Budapest Hotel, l’intrigue parle ouvertement de dissidence, corruption des médias, manipulation de l’information et exclusion sociale. Un feu d’artifice satirique dense mais pas indigeste, sauvé par l’humour, grinçant, et une poésie mélancolique toute andersonienne. Servie par des personnages attachants, au casting vocal cinq étoiles (Bill Muray, Greta Gerwig, Scarlett Johansson), la drôle de fable de L’île aux chiens saura séduire même les moins mordus du genre canin.