Synopsis
C’est l’histoire d’une famille. L’histoire d’une famille en difficulté. L’histoire d’une famille sur une île qui, bien que très seule, traverse des moments douloureux. En effet, celle-ci n’est pas des plus fertiles et les récoltes ne sont pas très fructueuses. Les réserves d’eau s’amenuisent et la moindre perte peut s’avérer préjudiciable. Accompagné de leurs deux enfants, celle-ci va alors tout mettre en œuvre pour tenter d'affronter les mauvais jours, continuer à (sur)vivre et faire face aux embûches à laquelle la vie nous confronte tous.
La famille
Berceau de nos valeurs et nos codes. Foyer de tout notre amour et de tout notre respect. Elle est celle sans qui nous ne serions pas là aujourd’hui et celle sans qui nos chemins seraient sûrement brumeux. De tout temps, elle a toujours tenté de faire au mieux pour élever sa progéniture, lui donner pleine satisfaction. Elle a toujours fourni les efforts nécessaires à la survie de sa tribu, son bien-être. Elle a toujours tout fait, dans un processus certes très primitif, pour tenter de la préserver des éventuelles menaces qui pouvaient planer autour d’elle, que celles-ci soient visibles ou non. Elle a également toujours montré, par ses gestes notamment, à quel point elle était impliquée dans le développement de sa descendance et à quel point elle veillait aux grains pour garantir la prospérité de celle-ci.
Il existe cependant plusieurs formes pour exprimer et extérioriser son amour et plusieurs êtres vers qui cette affection peut être adressé. Je m’en vais donc, avec ma faible expérience en matière de critique et mon orthographe parfois approximatif, tenter de démontrer ce qui est particulièrement frappant dans ce métrage et ce qui le rend si particulier.
Les enfants
Il n’est pas toujours chose aisé de montrer son amour à ses enfants, surtout quand le temps et les mots nous manquent. Chez certains c’est par l’étreinte, chez d’autres par les coups. Dans notre cas de figure, c’est le dévouement qui prime. Tout au long du métrage on voit, par les différentes actions des parents notamment, que c’est l’une des principales manières pour eux de l’exprimer à l’égard de leurs progénitures. Que ça soit par l’effort pour les emmener à l’école, l’eau sacrifié pour le bain, le combat de la maladie d'un des enfants ou encore les repas de chaque soir, l’amour y est omniprésent et, qui plus est, dans sa forme la plus brute.
Ce qui fait vraiment chaud au cœur avec ce procédé, c’est que l’amour que l’on reçoit est certes différent mais est tout autant fort, surtout dans sa symbolique. Il offre également un rapport bilatéral puisque, lorsqu’il y a dévotion, il y a normalement gratitude.
Elle est l'une des plus belles manières de renvoyer la balle à nos parents, de leurs montrer que leur dévouement n’est pas vain. Que leur travail, qu’il soit rémunéré ou non, le sera toujours finalement. Que les années de durs labeurs ont porté leurs fruits et que la relève est assuré. Dans ce métrage, pour exprimer celle-ci, la parole n’est en aucun cas sollicité. Au contraire, c’est justement ce silence, quasi religieux, qui réussit le tour de force de l’exprimer, le sublimer et même de renforcer son propos. C’est beau, c’est pur, c'est sincère et qu’est-ce que ça fait du bien. Exprimer des sentiments primitifs par des actes primitifs. Une des plus belles formes d’amour qu’il puisse exister.
La terre
Au cours du processus de la vie, nous avons tous fait face à des hauts et des bas qui peuvent plus ou moins l'influencer. Ceux-ci peuvent affecter notre famille, notre foyer et même notre travail. Ici, hormis l’amour, il n’y a presque que des bas. Comme si ce n’était pas assez, ceux-ci sont invisibles, pernicieux et quasi omniprésent. Il est donc parfois difficile de faire preuve de résilience, surtout quand la menace n’est pas tangible. Ici, son nom est l’infertilité. Elle met à mal toute la famille et la rend alerte sur presque tous les aspects de la vie. Elle donne envie de tout lâcher, d’explorer de nouveau horizons et d’enfin en finir avec ce calvaire. Cependant, il y a parfois une sorte de force qui nous retient, qui veut nous dissuader. Qui ferait tout en son pouvoir pour préserver le peu de vie restant en son sein. On appelle ça l’amour de la terre. C’est fou comme dans ce métrage on arrive à ressentir cette affection et ce respect que tous les membres de la famille portent à son égard. C’est presque comme si l’île formait un tout, un ensemble, composé de sa végétation et de ses résidents.
Pour mieux nous faire comprendre les intentions du réalisateur, nous avons également le droit à des plans somptueux dissimulés çà et là dans le récit. Ceux-ci sont très importants et portent en eux une symbolique extrêmement forte puisqu’il permette, au public que nous sommes, de mieux comprendre où le réalisateur voulait en venir et montrer ô combien cette facette est importante dans son cœur.
La musique
Comme si tout cela n'était pas suffisant, il y également cette somptueuse mélodie. Si belle et si mélancolique à la fois, qu'elle vous fera parfois sourire, parfois pleuré. Si intense et si bien placé, qu'elle peut nous faire adhérer au paysage et parfois nous y perdre. Si extraordinaire qu'à elle seule, elle suffit à exprimer tous les mots et à révéler tous les maux. Si simple et si onirique, qu'on se croirait tantôt dans un rêve et tantôt dans un cauchemar. Si représentative. Si pure. Si tellement de choses au final qu'il serait pour moi dur de tous les énumérer ...
Conclusion et réflexion
C’est finalement ça qui est si magnifique et si particulier dans ce film. On a vraiment l’impression que Kaneto Shindō s’est complétement consacré à son art et que c’est presque comme si l’un des enfants de l’île c’était lui et que, maintenant devenu adulte, il voulait transmettre cet amour et léguer un héritage à ses enfants et à la nouvelle génération, la seule pouvant le préserver, c’est-à-dire nous, simples spectateurs que nous sommes…