"Scarface" en 1983 puis dix ans plus tard "l'impasse". Dans les deux films, on est dans le monde "latino", cubain pour "Scarface", porto-ricain pour "l'impasse". Un monde de gangsters qui cherche à se faire une place parmi les autres maffias …
Dans chacun des deux films, Brian de Palma met en scène Al Pacino dans le rôle principal. Il est d'origine italienne, Al Pacino, mais ça, c'est vraiment un détail. Ce qui est intéressant, c'est de mettre en perspective les deux personnages car il y a une sacrée évolution entre les deux.
Dans le premier, le personnage Tony Montana est l'homme de tous les excès. C'est du "no limit". A fur et à mesure du film, il monte en puissance et enfle, enfle jusqu'à l'explosion finale.
Tandis que dans le deuxième film, le personnage de Carlito Brigante (au nom pourtant évocateur) sent le boulet passer avec sa condamnation à trente ans de réclusion que son avocat réussit par la magie du vice de procédure à annuler. On ne remet plus cent balles dans la machine et Carlito cherche à garer ses abattis.
Les deux personnages ont des comportements tout-à-fait opposés. Si l'un (Montana) n'a aucune règle sinon d'écraser son coéquipier (pour mieux prendre sa place), il n'en est pas de même pour Carlito qui observe un strict code de l'honneur. Il ne "donne" personne même si on lui apporte la preuve de la trahison.
Personnellement, je préfère largement le personnage de Carlito Brigante qui offre un visage nettement plus humain. Bien entendu, on ne sort pas comme ça d'un milieu où on est englué par une réputation sulfureuse depuis longtemps. Il n'y a d'ailleurs pas de reconnaissance à attendre dans ce milieu, quand on fait preuve de clémence. Un tel signe n'est qu'un signe de faiblesse qui peut se payer cher.
Pour finir avec le personnage joué par Al Pacino, la romance avec Gail, interprétée par une sympathique et émouvante Penelope Ann Miller, est un véritable rayon de soleil dans ce film quand même très sombre.
Un autre personnage fort intéressant est celui tenu par Sean Penn dans le rôle de l'avocat rusé et cocaïnomane. Sean Penn est un acteur un peu inclassable étant donné la variété des personnages qu'il a pu jouer. Il excelle, ici, dans un rôle de branche franchement pourrie qui vit sur une réputation d'avocat talentueux. C'est ça, le drame de l'homme supérieurement intelligent qui pense que tous les autres sont des cons et qui finit par s'en persuader. Jusqu'au moment où on se permet l'imprudence de trop.
La mise en scène de Brian de Palma est brillante avec quelques belles performances de mouvements de caméra comme la scène dans les escalators et les couloirs de la gare centrale à New York.
Je n'ai pas du tout craint la musique du film à base de salsa et de merengue endiablés. On y rencontre des morceaux surprenants comme "oye como va" de Carlos Santana ou la belle chanson de Joe Cocker "you are so beautiful"
Au final, c'est un film que j'ai bien apprécié. Il ne manque pas d'humour, notamment la scène au tribunal où Al Pacino fait son numéro devant un juge dépité. À la fin, il y a un vrai suspense (même si bêtement, De palma nous en "spoile" la conclusion dès le générique).
La note est mise à 8 pour respecter une échelle de notation entre "Scarface" que j'ai noté à 6 et "les incorruptibles" où je suis allé à 9.