Revoyant L'impasse après avoir vu pour la première fois Serpico, les points communs me sautent aux yeux : même acteur principal, Al Pacino, même départ où on le voit blessé par balles et possiblement agonisant, même déroulé jusqu'à revenir à cette scène de départ, même combat dû à l'intransigeance du bonhomme, et finalement même problématique de la femme amoureuse qui ne veut plus de cette vie-là. Bref, L'Impasse, c'est un peu Serpico chez les truands.
Avec ce film de gangster au rythme soutenu, Brian De Palma nous conte l'histoire habituelle du truand qui veut se ranger, mais on sait d'avance que c'est bien compliqué, d'ailleurs le titre nous le rappelle déjà.
L'histoire est certes habituelle, mais le traitement réserve de belles surprises. Brian de Palma semble prendre un malin plaisir à suivre le chemin le plus balisé possible, en apparence, avant de nous faire voir en deçà de ces apparences. Ainsi de la métaphore au début sur l'affiche qui vend le paradis pélagique alors que Pacino est mourant. On se dit que la métaphore est grossière, avant que celle-ci s'avère à prendre au premier degré, lorsqu'on apprend que Carlito rêve de s'associer à une entreprise de louage de voiture dans ces îles. Dès lors, quand le motif est repris à la fin du film, il devient ironique : "Tu as vu? Ton rêve était à portée de main!"
Et puis le film s'ouvre sur Carlito au tribunal, où il nous offre une (formidable) diatribe enflammée où il semble se moquer allègrement de la justice. Sauf que ce qu'il annonce il le pense, il souhaite réellement se ranger. Ainsi là encore, les apparences sont trompeuses. Plusieurs fois encore, Brian de Palma jouera de ce motif en trompe-l'œil, mais les autres auxquelles je pense révèlent trop de l'intrigue.
Et puis, il y a les acteurs, qui s'en donnent à cœur joie, Pacino le premier, qui a troqué son regard d'idéaliste de Serpico pour la dureté de celui qui a été marqué par les expériences. Et bien sûr, son avocat, qui s'enferre dans ses affaires à ne pas surtout pas faire, osera-t-on dire qu'il fait Penn à voir?
Avec tout cela, et le rythme à signaler encore, ajoutons le suspens bien mené, la beauté d'une scène où Al Pacino, chien mouillé sous la pluie battante, s'abrite sous un couvercle de poubelle, et une poursuite finale haletante, la musique latino, et l'on tient à l'évidence l'un des grands films de gangsters.