C'est curieux, ce film me fait beaucoup penser au Mépris de Godard: même histoire d'amour sombre et torturée, mêmes régulières envolées de violons, le tout dans un monde de cinéma. D'ailleurs, Jacques Dutronc pense à la fin que sa femme le méprise. Seulement ici, on est chez Zulawski, et si Romy Schneider est inoubliable au même titre que l'était Bardot dans l'adaptation du roman d'Alberto Moravia, l'amertume est à son comble et le monde du cinéma décrit recèle les paumés et les désespérés. Le film le montre dès l'éprouvante scène inaugurale: sur le tournage d'un porno, Romy lève les yeux vers Fabio le photographe et lui lâche "je suis une comédienne, je peux aussi faire des trucs bien, ça je le fais que pour bouffer, alors ne prenez pas de photos s'il vous plaît".
Tout est dit: on est bien dans le monde de Zulwaski, juste après son éviction de Pologne pour Diabel, et tout sera ici poisseux et désolé. Jacques Dutronc est impressionnant de justesse dans son rôle de cinéphile a priori rigolo mais au fond complétement dépressif. Klaus Kinski, comme à son habitude, livre une performance hallucinante d'acteur illuminé et violent (comme d'hab me direz-vous).
Fabio Testi et Romy forment à l'issue l'un des plus beaux couples maudits du cinéma, et Zulawski pourra clore ce nouveau film aux scènes censurées (et pour cause) pour se consacrer à un monument du glauque et du désespoir: Possession.