"L'important, c'est d'aimer" s'ouvre sur la scène la plus emblématique et la plus significative du film. Dans l'effervescence indifférente d'un tournage de film, mi-gore, mi-porno, une actrice ne parvient pas à dire "je t'aime" à l'homme sanguinolent qu'elle chevauche à moitié nue. La souffrance et la détresse se lisent sur le visage de Romy Schneider.
Tout est dit dans cette scène puissante et brutale où l'actrice, au milieu de l'agitation convulsive (c'est un film de Andrzej Zulawski...) de l'équipe technique, exprime la douleur de son existence sordide. Romy Schneider, en de simples mots et quelques regards terribles, y est bouleversante. Cette émotion, malheureusement, on ne la retrouvera pas par la suite.
Le microcosme du cinéma et du théâtre symbolise mieux qu'aucun autre la société telle que la voit Zulawski. Les lieux et les acteurs de ce drame psychologique évoquent la tragédie des hommes, celle dont l'humain est à la fois la victime et l'auteur, où la violence et la perversité -sexuelle ou non- déterminent les rapports sociaux. Nadine, l'actrice vulnérable, et le photographe Servais tentent de s'aimer dans un monde où l'amour et la douceur n'existent pas, dans un monde livré aux forces du Mal.
Si le film ne laisse pas indifférent, il n'en est pas moins déplaisant. La laideur et l'âpreté du sujet semblent rejaillir sur la réalisation et les interprètes. Excessif et sombre, Zulawski met en scène des personnages complexes, parfois déroutants, et une atmosphère névrotique auxquels je ne suis pas parvenu à m'attacher ou à m'intéresser.