On pourrait croire que le sujet d'Alain Cavalier est une façon comme une autre de revenir sur la guerre d'Algérie. Mais on s'aperçoit vite que l'intérêt majeur du film tient moins aux évènements algériens qu'au portrait et au cheminement psychologiques de Thomas, le personnage qu'interprète Alain Delon.
Engagé dans une guerre qui n'est pas la sienne, l'insoumis, légionnaire luxembourgeois en rupture familiale, désigne aussi un homme libre, un individualiste n'obéissant à aucune règle, à aucune idéologie. Lassé des combats, il entreprend un retour au pays. D'abord mercenaire taciturne, sa rencontre puis sa cavale avec une avocate du FLN nous révèle progressivement l'humanité de Thomas.
Certes le personnage n'est pas bouleversant ou irrésistible, et le regard que Cavalier porte sur lui peut sembler parfois abrupt, mais le metteur en scène sait, avec une sobriété et une sécheresse qui font la personnalité et la sincérité de son film, intégrer dans un récit d'actions palpitantes toute la complexité d'un anti-héros réaliste.