Si dans les livres d'histoire, les Années Folles s'achèvent en 1929 avec la Grande Dépression, cette époque bénie s'est étirée encore quelques années sur les écrans de cinéma, surtout au moment où le parlant s'impose définitivement, et où le septième art devient plus que jamais un nouvel opium du peuple.
La joie de vivre et le sens de la fête sont en effet au centre de "The Thin Man", adaptation ciné d'une oeuvre de Dashiell Hammett (l'un des pères du roman noir), gros succès au box-office qui engendrera cinq nouveaux films autour du détective Nick Charles et de son épouse Nora.
Ces deux héros mondains et désinvoltes sont interprétés avec un charisme fou par William Powell et Myrna Loy, tandem emblématique du cinéma américain, qui seront réunis à l'occasion de quatorze long-métrages au total!
"The Thin Man" incarne le divertissement sous toutes ses formes : si le film de W.S. Van Dyke subit une légère influence du film noir, il s'agit surtout d'un précurseur de la screwball comedy (avec ses personnages loufoques aux gueules bien marquées) mixé à un bon vieux whodunit à la Agatha Christie, avec résolution de l'énigme lors d'une assemblée finale, au cours de laquelle le meurtrier se trouve confondu.
Un concept extrêmement ludique, surtout que le code Hays n'a pas encore été mis en place à la sortie du film en 1934 (il le sera quelques mois plus tard) et que la Prohibition est officiellement terminée depuis l'année précédente, faisant de ce film une incitation permanente à l'alcoolisme mondain! C'est bien simple, nos deux héros ne cessent jamais de picoler, pas même la nuit, ce qui nous offre quelques répliques jubilatoires...
Bref, l'ensemble reste très léger et ne constitue pas un authentique chef d'œuvre, d'autant que la mise en scène s'avère assez quelconque et que le traitement de l'enquête apparaît entaché de quelques maladresses. Mais quel plaisir de partager durant une petite heure et demie le quotidien drôle et mouvementé de ce couple formidable, sans oublier les facéties du chien Asta!