Les lads du Connemara

Le scénariste d'origine irlandaise John Michael McDonagh suit les traces de son frère aîné Martin ("In Bruges"), réalisant ici son premier long-métrage, avec le même Brendan Gleeson en tête d'affiche.

Cette figure emblématique de l'Irlande incarne un policier excentrique et borderline, et on craint un instant assister à une nouvelle histoire de flic ripou, dont la décennie précédente nous a abreuvé jusqu'à l'overdose.
Heureusement, l'approche de McDonagh est bien plus subtile et originale, son héros n'étant certes pas un modèle de rigueur morale, mais ce n'est qu'une facette de son caractère fantasque.

Sous ses dehors irrévérencieux, l'homme est en effet un bon fils (sa vieille mère étant gravement malade) et un bon flic qui tente de faire son job correctement dans sa province rurale du Connemara.
Par ailleurs, "The guard" va rapidement jouer la carte du buddy movie, puisque notre héros sera rejoint par un flic américain (Don Cheadle), venu d'Atlanta pour faire tomber une bande de dealers. On s'amusera ainsi de voir les codes s'inverser, puisque c'est cette fois le black qui incarnera le sérieux et la rectitude morale, quand le blanc sera la grande gueule débitant des punchlines.

John Michael McDonagh tente donc de renouveler le registre de la comédie policière, s'efforçant de trouver une tonalité singulière : en résulte une comédie noire down tempo qui mêle humour absurde et situations dramatiques, ne craignant pas les ruptures de ton.
L'ensemble n'est pas toujours d'une fluidité exemplaire, mais le réalisateur parvient à imposer sa patte personnelle, en jouant par exemple sur les ellipses et le hors champ.

Dommage simplement que l'intrigue policière se révèle assez basique, n'exploitant pas pleinement le potentiel du trio de malfaiteurs philosophes, emmené par Mark Strong et Liam Cunningham.
Par conséquent, "The guard" n'apparaît jamais aussi abouti que ne l'était "In Bruges", mais j'attribue quand même un petit 7/10, à pondérer en fonction des deux films suivants de John Michael McDonagh, que je compte rattraper prochainement.