Au moment de sa sortie, le film était apparu (malgré un malicieux carton introductif « toute ressemblance, etc.») comme directement inspiré de l'affaire Elf, et le personnage de juge pugnace d'Isabelle Huppert d'Eva Joly. Et si aujourd'hui les tenants et aboutissants de cette affaire nous semblent bien lointain, on voit surtout combien Chabrol avait raison dans sa misanthropie, à ainsi montrer le courage, l'obstination et les honorables efforts de la juge, mais aussi l'insubmersible tranquillité de ces caricatures de patrons à cigares qui la voient se démener en sachant parfaitement qu'il s'en sortiront toujours. Dans une France où, malheureusement, les choses n'ont toujours pas changés, où les affaires similaires sont des serpents de mers qui hantent l'actualité en continu et où les coupables ne vont que très exceptionnellement en taule, ça résonne particulièrement.
Plus cinématographiquement parlant, sinon, ben... On est chez Chabrol, avec donc une interprétation impec (j'ai rarement vu Berléand aussi bon, avec plein de nuances dans son jeu) et une mise en scène toute en discrétion mais efficace (les champs-contre-champs très fermés, cloisonnés durant les interrogatoires, indiquant bien qu'aucun des protagonistes n'ira nulle part...)
Bref, c'est bien.