L’actrice suédoise et polyglotte Alicia Vikander s’est trouvé un rôle magnifique avec « L’Oiseau tempête », l’adaptation d’un roman de Susanna Jones. Un personnage effacé et mystérieux, au passé qui l’est tout autant, et qui semble cacher beaucoup de secrets alors que la police locale enquête sur la disparition d’une amie à elle. Telles les différentes couches d’un oignon, cette Louisa Fly va se départir de ses couches de mystère au fur et à mesure que le long-métrage avance. Si le film débute sur l’arrestation de son personnage, le scénario prendra le chemin assez répandu de l’œuvre à flashbacks nous faisant comprendre les tenants et les aboutissants de cette disparition petit à petit. Vikander est prodigieuse et fait passer beaucoup de choses par le regard et les gestes. Elle nous fait douter de sa droiture et de son honnêteté à plusieurs reprises. Et se révèle comme un des atouts phares de ce thriller vénéneux mâtiné de romantisme.
« L’Oiseau tempête » est réalisé par Wash Westmoreland, dont c’est le premier film en solo. En effet, l’homme a débuté dans le cinéma en duo avec son mari à la ville, Richard Glatzer, avec le petit film indépendant multirécompensé « Echo Park L.A. ». Ils ont ensuite réalisé toutes leurs œuvres ensemble y compris le film sur la maladie d’Alzheimer qui a valu l’Oscar de la meilleure actrice à Julianne Moore, « Still Alice ». Voici que Westmoreland prend donc son envol en solitaire en adaptant ce roman à tiroirs qui se démarque beaucoup, il faut l'avouer, par son cadre spatio-temporel: le Tokyo des années 80. Cela lui confère un charme et un cachet vraiment particuliers et le cinéaste en imprègne tout le film sans en abuser. Cependant pas sûr que sans cela, le film ait été aussi mémorable et singulier. Il serait sans doute davantage rentré dans le rang des triangles amoureux, bien interprété et réaliste, mais comme on en a déjà vu tant.
Si la mise en scène est soignée et met bien en valeur l’intrigue et le contexte, elle n’est pas non plus assez stylisée et inventive pour crier à l’extase sur ce point. Mais il y a quelque chose d’envoûtant dans « L’Oiseau tempête ». Quelque chose qui vous happe (ou pas selon les sensibilités) et ne vous lâche plus. Cette atmosphère vaporeuse et désincarnée qui parcourt le long-métrage lui donnant un aspect éthéré est de toute beauté. Riley Keough ne démérite pas dans un second rôle qui aurait vite pu virer au cliché. On y parle beaucoup de sujets psychologiques assez lourds tels que la jalousie ou le poids de la culpabilité mais sans que ce soit pesant. Le mystère se dévoile à la toute fin et parvient à étonner sans pour autant être renversant. Un thriller assez original pour satisfaire et nous captiver durant près de deux heures malgré son rythme languissant qui lui sied justement très bien.
Plus de critiques cinéma sur ma page Facebook Ciné Ma Passion.