On a pas mal parlé de thriller « chabrolien », à raison. Plongée dans le milieu froid et souvent hautain de la grande bourgeoisie, secrets de famille, relations tendues voire vénéneuses... Sébastien Marnier connaît la formule et sait l'exploiter à bien des égards, que ce soit dans la façon de filmer les lieux (intérieurs comme extérieurs), d'écrire, de raconter une histoire. L'atmosphère est volontairement lourde, vénéneuse, brouillant habilement les pistes pour savoir qui est vraiment responsable d'une situation familiale manifestement tendue.
Certains y ont vu une critique du patriarcat : pourquoi pas mais pas grand-monde ne sort franchement grandi de ce quasi-jeu de massacres, et certainement pas (toutes) les femmes : intelligentes voire brillantes, mais tout aussi dangereuses, si ce n'est plus. Le dernier tiers (ou moitié, je ne saurais dire) vient d'ailleurs presque totalement redistribuer les cartes, offrant son lot de révélations souvent étonnantes et souvent réussies, malgré un basculement sans réelle transition, nous obligeant à recomposer dans nos têtes les différents événements pour que cela soit plus clair.
Et le final, intense, nous amène vers quelque chose de très sombre, presque crépusculaire, dont on se demande vraiment quel sera le point final tant les rebondissements s'enchaînent jusqu'à un dénouement un poil facile, mais diablement efficace. Côté interprétation, porté par des personnages souvent bien dessinés (sauf celui de Céleste Brunnquell, trop délaissé), différentes générations se côtoient avec succès, la grande dame du film restant toutefois évidemment MADAME Laure Calamy, devenue totalement indispensable au cinéma français, comme elle le démontre encore ici. Une réussite, qui aurait gagné à un peu plus de liant par moments, pour ce qui reste un bel exercice de manipulation.